A/ORATOS - Ecclesia Gnostica -


14 février 2024

A-oratos.jpg (248 KB)

GROUPE: A/ORATOS

TITRE ALBUM: Ecclesia Gnostica

LABEL: Les acteurs de l’ombre productions

DATE DE SORTIE: 2024

La musique est un cycle, la vie elle-même est un cycle, ainsi que les émotions, les envies d’une période, les avancées que l’on croit nouvelles, mais qui ne sont en fait que des réminiscences d’autres époques.

Le black metal ne fait pas exception, après quelques années de perdition dans une grande majorité, on commence à revenir à des choses originelles, mais avec certainement une poésie dans l’air du temps.

A/ORATOS sort son premier album, il fait de l’effet à toutes les oreilles qui tombent dessus aussi parce que ses membres sont issus de l’élite actuelle qui est sur toutes les lèvres, comme Griffon, Jours Pâles, ou même Sublime Cadaveric Decomposition puisque récemment Thomas Menudier a été recruté pour le live.

Et c’est lorsque l’on succombe sous les détails du travail de Above Chaos pour ce qui est de la pochette et des illustrations que l’on se dit que ceux qui n’aiment que le numérique et qui lâchent le physique ne savent pas ce qu’ils ratent.

Ce premier album, possède l’esprit black metal de la génération actuelle, l’esprit de cette jeunesse qui veut offrir des atmosphères aussi tristes que la période dans laquelle ils grandissent, dans laquelle ils vieillissent, parce que le noir et le sombre ne se cachent plus dans les flammes de l’enfer, mais plutôt dans le froid de notre réalité. Et si le côté ritualistique de A/ORATOS se devine en arrière plan de sa musique, on y retrouve quelque part les ambiances que pouvaient avoir les groupes grecs de black metal des 90’s , comme Necromantia ou Varathron, par exemple. Quelque chose de très à part, même si ici on reconnaît tout de même cette patte française, elle aussi reconnaissable par son côté glacial et presque romantique, comme pouvaient l’avoir à leur époque les Forbidden Site ou les débuts de Anorexia Nervosa.

A/ORATOS réussit grâce à l’utilisation de paroles en français, (langue qui au final avec les années, possède une qualité exceptionnelle pour exacerber les ambiances black), à approfondir les ténèbres vocales, d’autant plus que A∕ORATOS va chercher des sujets autrement plus profonds que la profondeur de leur musique elle-même.

Et le rendu est extraordinairement froid, comme le black metal de la scène actuelle, pas celle du post/black, mais bel et bien celle qui a commencé à abandonner cette fragilité pour avancer dans le véritable noir, sans que celui-ci ne parle de Satan ou des enfers. On arrive à un premier album d’une extraordinaire maturité, avec des passages en dentelles qui viennent à point nommé dans l’opacité de ténèbres parfois épiques, comme sur « le septième sceau », dernier morceau qui est d’une exquise subtilité, sadique et cruelle digne du Marquis de Sade.

La puissance musicale de A∕ORATOS approche celle de Malevolentia. Mais musicalement et au niveau des paroles, puisque Wilhelm sa tête pensante s’est inspiré des codex de Nag Hammadi , on sent l’intellectualisation flagrante de la musique de A∕ORATOS, et c’est certainement dû à des inspirations issues des évolutions de Emperor (ce qu’ils sont devenus sur le dernier album) , Enslaved (avec leur tournure actuelle depuis plusieurs albums), ou même les étrangetés de groupes tels que Opeth qui ont fait grandir bon nombre de jeunes musiciens.

A∕ORATOS réunit tout ça sur un grand album de sept titres où l’on écoute cela comme une épopée du début jusqu’à la fin à l’instar de certaines dernières sorties de chez les Acteurs de l’ombre.
Chaque titre est rempli d’une richesse progressive où la rage et la violence s’unissent dans la spiritualité pour toucher sincèrement l’esprit agrippé par la musique de A/ORATOS, qui parfois laisse amplement la place aux inspirations de vieux groupes tels que Arcturus, ou Borknagar de mi carrière, notamment sur le titre « Deuteros » où les chœurs prennent place et que le morceau lui-même devient mystique.

De l’intelligence, de la subtilité, de l’inspiration voici ce que possède de « Ecclesia Gnostica ». Pas un morceau en dessous des autres, « O roi des Eons » est sans doute le plus martial d’entre tous, et plus primaire, tandis que l’on meurt en épectase sur la musique gnostique d’A/ORATOS avec « Le septième sceau » qui aura raison de votre « agnosticisme » à l’égard de cet album .

Ce premier album de A/ORATOS est percutant, n’en doutez point.


Arch Gros Barbare

14/02/2024