
24 mars 2024
GROUPE: ANKSUNAMON
TITRE ALBUM: The dark pharaoh
LABEL: Mtaf records
DATE DE SORTIE: 2023
Le désert à perte de vue, les dattiers en guise de jalons, la soif de découverte rangée dans la besace,et le fantôme du Pharaon Noir pour seule compagnie... Quelle savoureuse surprise que ce nouvel album de ANKSUNAMON, groupe né de la réunion de Laurent Francheteau (ex-Athrepsy, Les enfants de Dagon) et Benjamin Clavel (ex-Destinity entre autres). ANKSUNAMON fait certainement partie des groupes hexagonaux qui ont une existence indispensable aujourd’hui ; parce que depuis leur première démo de brutal death il y a 24 ans, jusqu’à « Maah ‘s Pyramid », et « In the kingdom of Seth » il y a quatre ans, les lyonnais ont fait du chemin et leur death metal s’est tellement affiné et singularisé que ce nouvel album « The dark pharaoh », est un véritable joyau noir, tout comme a pu l’être l’unique album de Kabbal « Synthetically revived », pour ceux qui connaissent.
L’artwork de Tchekoff Yaroslaw est appréciable, mais ne reflète pas sincèrement la terrible qualité musicale de ce second album, même si le temps lui donne du cachet.
Alors bien sûr on pourrait faire un rapprochement immédiat et direct avec Nile ou encore les allemands de Maat, voire les Egyptiens de Crescent, parce que l’Egypte et peut-être la Mésopotamie, sont présentes en arrière plan. Anksunamon, bien évidemment s’inspire de mythologie égyptienne, de mythes de légendes comme on le découvre sur « The souks of Ur » avec une atmosphère tellement exotique et cinématographique en guise d’intro.
Mais le reste, les dix titres qui suivent, font monter ANKSUNAMON et son « The dark pharaoh » rapidement parmi les très bons albums de death metal récents et français axés sur la toute fin des années 80’s jusqu’au milieu des années 90’s ; avec ce côté primaire et morbide que peut posséder la signature du death metal floridien, mais aussi avec une technique bien affirmée pour construire des titres d’une noblesse indéniable.
On sent immédiatement l’âge et la maturité des bonshommes, et c’est ce qui permet indubitablement à ce nouvel album de prendre un envol incroyable parce que le death metal d’ANKSUNAMON transpire une époque dorée, et ce sont ces riffs racés qui composent le squelette de cette nouvelle production .
Le groupe a la capacité d’équilibrer parfaitement sa dose de brutalité sans aucune gourmandise excessive qui les ferait tomber dans le brutal death stérile. Bien au contraire on se retrouve face à un death metal extrêmement bien calibré, ni basique, ni trop technique, ni trop compact ou violent, mais avec bien évidemment ces influences très mythologiques dans les riffs, qui ne sont finalement pas omniprésentes et qui apparaissent avec parcimonie pour rappeler à notre bon vouloir que leur fil conducteur est là, bien là, sans jamais en abuser. La production rappelle (et même parfois la manière d’amener les morceaux aussi), les atmosphères d’Atheist à l’époque de « Unquestionable presence » ou encore Nocturnus sur « The key », pas sur l’inspiration, mais dans l’esprit. Cet esprit typique d’une époque où l’on cherchait la pertinence musicale plus que la reconnaissance de ses pairs ou d’un public voué à la cause du plus visible.
Guitares et batteries sont loin d’être synthétiques et quand des percussions vous font vibrer comme ça, plus que vous donner le rythme de vos propres pulsations cardiaques on sait que le plaisir de l’écoute sera à la hauteur de la jouissance de la composition.
ANKSUNAMON a écrit ici un album incroyablement pertinent, car il insère dans chacun de ses morceaux cette atmosphère désertique assoiffée de pouvoir grâce à ses inspirations exotiques, réussissant à donner un aspect « maléfiquement » magique notamment avec la voix féminine sur « Armana’s Tombs ».
En véritable prince noir qui vise la fin d’une dynastie pour siéger au trône suprême, ce pharaon noir occupe l’atmosphère pendant trente huit minutes, et jamais l’aventure ne stagne, car cet album s’écoute comme on lit le livre des morts, et chaque chanson est une véritable incantation.
Il s’agit de death metal démoniaque qui possède la rage comme le premier album de Deicide ou même l’inspiration divine d’un « The voyager » de Luciferion sur des titres tels que « The Dark Pharaoh », « In the Temple of Nephren Ka » , ils en arrivent même à explorer le black death sauvage avec des morceaux comme "The Lurking Fear ».
ANKSUNAMON vous enchaîne pour tirer les montagnes de pierre qui construiront son nouveau palais, avec une musique solide « On The Banks Of The Nile » où la voix d’Helio respire la malédiction éternelle en épousant à merveille les mille et une atmosphères lugubres de ce tombeau musical. Sur « The Valley And The Great Dholes» vous succomberez sous les coups de fouets de riffs qui au début du morceau vous rappelleront les souvenirs d’un « Living Monstrosity » de Death ou bien « When the sky turns black » de Brutality .
Jusqu’à « Apophis », histoire contée qui referme le livre, ANKSUNAMON réussit à écrire un album somptueux, où le death metal s’exprime comme à ses origines et où le temps n’a aucune emprise sur sa majesté. Parce que l’underground a réussi à se noyer dans son propre vomi et que le mainstream s’assassine à coups de stérilisation, il faut savoir écouter les très bons albums lorsqu’ils sont là. Et « The Dark Pharaoh » est un des leurs…
Arch Gros Barbare
24/03/2024