BLACK CHAMBER ORCHESTRA - Black Chamber Orchestra -


21 décembre 2023

BLACK CHAMBER ORCHESTRA.jpg (115 KB)

GROUPE: BLACK CHAMBER ORCHESTRA

TITRE ALBUM: Black Chamber Orchestra

LABEL: Autoproduction

DATE DE SORTIE: 2021

Découvrir, écouter, aimer, même deux ans après, c’est toujours un plaisir lorsque la musique vous parle, parce que la musique n’a pas de mode, parce que la musique ne souffre pas le nombre des années et ne prend pas de rides. Nous changeons, nous vieillissons et écoutons différemment...autrement.
Mais lorsque la violence tend à se mêler à la douceur et à la puissance abyssale de la musique classique, cela enfante une monstruosité musicale pourtant tellement attirante
et enchanteresse que l’on a envie de toucher du doigt son enveloppe matérielle pour pénétrer son essence et se délecter de sa virtuosité.

BLACK CHAMBER ORCHESTRA souffrira en surface d’une comparaison immédiate,
qui fera guise de raccourci, avec Igorrr le Grand, par sa folie, par son intensité, ses breaks, son côté avant-gardiste . Mais si Igorrr joue et danse dans une cour d’unité pour malades difficiles avec sa férocité baroque, BLACK CHAMBER ORCHESTRA est à Igorrr ce que Beethoven , Chopin, Bach et même Wagner sont à la musique classique et c’est dans le raffinement qu’il puise sa source. Un peu comme si l’on comparait Mr Bungle à Carnival In Coal, en apparence similaires, mais tellement différents, (même si Gautier Serre lui même a réalisé le mixage et le mastering de cet album)

Voici donc un album qui a déjà deux ans, enrobé de noir dans sa présentation pour mieux montrer sa distinction ténébreuse, mais terriblement sophistiqué et distingué , montrant la noblesse d’une caste qui survit dans l’adversité au beau milieu de vestiges qui subsistent encore et donnent envie de faire de l’urbex.

BLACK CHAMBER ORCHESTRA est une œuvre magistrale de mélanges de genres, enfantée par Rémi Subjobert, musicien et instrumentiste hors norme, qui derrière ses multiples diplômes en conservatoire, en cours privés et académies prestigieuses lui ont permis de donner libre cours à son génie créateur tant en matière de batterie qu’au piano (jazz ou classique) pour jouer les alchimistes avec de la musique electronique, metal symphonique et bien évidemment classique.

Pour bien faire les choses, il s’est entouré d’Aymeric Terrasse, professeur de piano, de Stéphane Faure guitariste émérite, et enfin de Maelig Leguern venue enrober avec délicatesse le tout avec ses cordes vocales somptueuses.

Cet album met en valeur une dimension classique au piano comme Fleshgod Apocalypse avait eu envie de le faire sur « Agony », mais BLACK CHAMBER ORCHESTRA pousse de manière magistrale ce côté orchestral en même temps que sa rage métallique aux guitares, tout en conservant une espèce d’harmonie et de fantasmagorie dans ses atmosphères en les syncopant avec cette modernité et ses sonorités électroniques qui offrent aux compositions une mécanisation froide et théâtrale.

BLACK CHAMBER ORCHESTRA au travers de cet album de dix titres , nous dévoile une espèce d’histoire fantastique en plusieurs temps et mouvements , rien n’est jamais confus et tout est toujours mystérieux et la facette grosse guitare « metal » survient à chaque fois à un moment adéquat en pleine effervescence pour découvrir plus avant l’ouverture vers l’antre de la folie allant même jusqu’à se radicaliser à l’extrême black metal avec « Eikä päivä paistakana ? ».

L’album se présente comme une aventure où à l’instar de Edvar Grieg et son Peer Gynt on a la sensation d’écouter une musique de scène, allant d’errements extrêmement violents et classiques vers des bouleversement d’émotions pour ensuite replonger dans une tension ultra violente à tendance metal et parfois black, mais toujours dans un bain électroniquement orchestral.

Et par endroits c’est une pluie diluvienne qui fait office de déferlante brutale venant écraser son environnement pour que BLACK CHAMBER ORCHESTRA en plus de sa puissance en matière de production, se révèle impitoyable dans sa facette progressive (« La marche des suppliciés »).

Mais c’est le piano qui domine du début jusqu’à la fin, quelque soit la forme que prendra la musique de Rémi Subjobert, quelque soit la passion qu’il mettra dans ses notes on se retrouve happé dans la douleur, la mélancolie et la violence sur « Перезвон Карево » qui vous réapprendra ce que sont souffrance et désolation. La musique de BLACK CHAMBER ORCHESTRA est un véritable vecteur d’émotions qu’elle soient fortes ou doucereuses, cet album et ses machines électroniques vous offrent un opéra atypique et peu commun où la schizophrénie est parfois de mise avec « Atto V » qui permet de faire encore monter d’un niveau l’oeuvre entière avec la voix de Maelig Leguern qui fige littéralement le temps.

BLACK CHAMBER ORCHESTRA possède son identité tout comme chaque groupe de death metal suédois old school possède la sienne et si vous appréciez la musique en tant qu’aliénation mentale vous saurez vous délecter de ce formidable album.

21/12/2023

Arch Gros Barbare