CORROSIVE ELEMENTS - Cut The Serpent's Head -


12 décembre 2024

CORROSIVE ELEMENTS COVER.jpg (207 KB)

Groupe : CORROSIVE ELEMENTS

Titre : Cut The Serpent’s Head

Label : Crypt Of Dr Gore / GreyveStorm Productions

Année : 2024

De l’eau a coulé sous les ponts depuis 16 ans, d’ailleurs de l’eau a pas mal détruit de ponts ces dernières années, et on s’est noyé dans les inondations, voire aussi dans la sortie de productions.
Pourtant il y a des petits groupes, qui continuent leur chemin et à chaque kilomètre parcouru, on s’aperçoit que ça évolue en bien. Donc oui, de l’eau a coulé sous les ponts après « Chaos unleashed » sorti il y a seize ans. CORROSIVE ELEMENTS nous a offert depuis avec « Toxic waste blues », un excellent premier album tant visuellement que musicalement , se gardant de ne pas aller trop vite, sept ans entre deux prods, mieux vaut être patient. Et tandis qu’un regain d’on ne sait où avait poussé le groupe à sortir un live un an plus tard que certains ont pu vraiment écouter en édition limitée sur cd, qu’en 2021, il aura fallu attendre neuf ans pour qu’un véritable successeur voit le jour.

Voici donc « Cut The Serpent’s Head » qui vient enfin continuer l’aventure avec sa couleur de feu sur la couverture signée Anaïs Chareyre- Mejan, pour bien montrer que CORROSIVE ELEMENTS n’est pas resté coincé dans les tentacules de Cthulhu et que si le monde se casse la gueule il faudra bien à un moment couper la tête du serpent dévastateur.

C’est peut-être un peu ça aujourd’hui le côté punk et humaniste de CORROSIVE ELEMENTS, ce qui explique l’extrait du discours de Nelson Mandela sur « Among the casualties ».
Musicalement et philosophiquement CORROSIVE ELEMENTS a encore évolué, si le line-up n’a (presque) pas changé (Lionel étant parti et Thomas devenu bassiste attitré), le groupe qui avait déjà fait un bond entre le mini et le premier album, a conservé son groove, c’est indéniable, mais pour que son death’n’roll devienne plus death/thrash, et se prenne encore quelque chose de plus crasseux, d’où ce côté un peu punk.

Production aussi différente de « Toxic Waste Blues », là où CORROSIVE ELEMENTS s’était fait plaisir à faire masteriser par Dan Swanö, aujourd’hui c’est le Sieur Henry et le Sieur Roux qui se sont occupés du mixage et du master. Résultat : plus roots, plus crade et encore une fois, plus punk où la batterie et la basse n’ont plus du tout la couleur qu’elles avaient sur l’album précédent.

Avec ce nouvel album composé de dix titres, on retrouve donc avec parcimonie ce groove qui est une empreinte plus qu’une signature chez CORROSIVE ELEMENTS. Il est présent sur le premier morceau « Conquering the divine » pour se rappeler que c’est une particularité chez eux. Mais c’est nettement moins prononcé aujourd’hui, CORROSIVE ELEMENTS a pris de la noirceur, peut-être un retour à leurs origines. Le son des guitares possède ce graillon plus originel, mais aussi punko/groove (on se détend, on n’a pas le son de guitare des Beru non plus, n’allons pas si loin) comme on le ressent tellement sur « Ignorance is no longer bliss » qui fait la liaison entre l’album sorti neuf ans auparavant et celui-ci. Ça chauffe et ça suinte comme un punk à chiens coincé dans un crematorium. Pourtant alors qu’on pensait ce groove en perdition, on le retrouve au beau milieu de cette haine death/thrash à la rythmique même plus thrash que death sur « So long sucker ».
Et c’est peut-être ça le truc, si pleins de groupes arrêtaient de sucer, on aurait sans doute de la musique de meilleure qualité. C’est le cas pour CORROSIVE ELEMENTS, les mecs suivent leur instinct primaire et ça donne du morceau agressif parce que le combo « So long sucker » et « The unseen » remet un coup de violence de base, sans tomber dans une brutalité excessive actuelle. Ce nouvel album est véritablement revenu aux premières amours de la musique extrême une espèce de death ligoté comme une paupiette dans un thrash des familles. C’est ce que nous aurons tout au long de l’album , et pourtant même si le groupe évolue, ils ont du mal à se séparer définitivement de leur groove légendaire (même s’il est moins présent, mais on l’a déjà dit) avec « An american hero » qui même si le groupe vous montre un panel de riffs à la cool, vous termine comme il faut sur de la grosse rythmique de death graisseux que vous ne pourrez jamais écouter à la foire à la saucisse.

C’était peut-être annonciateur du « Cut the serpent’s head », qui part dans la bidoche à en faire vomir les végans de la dernière génération, parce que si aujourd’hui il est de bon ton de dire que l’homme préhistorique était plus dans la cueillette que chasseur, il ne fait nul doute qu’il se torchait aussi le cul avec des feuilles. Faites attention à ce que vous mangez.
Bref, suivi de « Enter the final state », la fin de l’album se veut beaucoup plus « éclatement de gencives au poing américain » que « vas-y que je te fais un death/thrash avec des claquettes chaussettes ».

CORROSIVE ELEMENTS fait réellement plaisir sur toute la dernière partie de l’album, comme quoi, on essaie de se débarrasser des vieilles habitudes, mais finalement chassez le naturel , il en a rien à foutre.
Du coup, orgie pour tous les derniers morceaux c’est un festival de riffs ultra chaleureux avec « The right to remain ppor », parce que CORROSIVE ELEMENTS aura beau parler de truc super humanistes et nobles dans leurs paroles, en bons bas du front, on secouera la tête pourvu que ça poutre sévèrement, sans se soucier vraiment des paroles.

Et pour terminer en beauté si certains n’étaient jamais allés en Polygamie, ils pourront découvrir le Fascitalisme, une espèce d’air de campagne qui fleure bon le southern à la Pantera, c’est peut-être paradoxal, mais qu’est-ce qu’il défourraille ce morceau. C’est pour vous rappeler que dans CORROSIVE ELEMENTS, il y a corrosif et ce groupe l’est indubitablement.

Arch Gros Barbare

12/12/2024