JUGULATOR - Ad Exitium -


21 août 2023

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GROUPE: JUGULATOR

TITRE ALBUM: Ad Exitium

LABEL: Cabale Prod

DATE DE SORTIE: 2023

Tandis que depuis quelques années le thrash fait office d’un « revival » (comme s’il en avait besoin, n’ayant jamais été oublié), où, relancé par des groupes crossover, ce style ne jure plus que par les inspirations hard core ou thrashcore ; il existe malgré tout des groupes qui travaillent leur musique thrash différemment dans un coin du monde. Du thrash il en existe quelques déclinaisons. Mais ici c’est un groupe algérien qui est à l’honneur, parce que la scène là-bas possède son lot de pépites. Traversons alors la Méditerranée pour ensuite marcher sur le sable brûlant et voir ce qu’il s’y passe de plus près. Avec Ramzy Curse (membre de l’éminent LELAHELL) , JUGULATOR choisit la voie grand seigneur en écrivant une espèce de fusionnement dans certains riffs , un peu comme si le groove de Sacred Reich (et la voix de Ramzy y est pour quelque chose) venait à la rencontre du thrash des australiens de Mortal Sin, avec cette facette tantôt heavy que l’on ressent sur leur premier album « Mayhemic destruction », le tout ayant au dessus la présence spirituelle d’un Metallica de « Ride the lightning » et « And justice for all », bien représentés.

On n’avait pas ressenti cette atmosphère depuis un long moment, sachant que le terme « thrash » est devenu un refuge pour âmes en peine en recherche d’identité où modernité rime avec désorientés.

« Ad Exitium » est leur premier album sorti en 2019, qui fut suivi en 2021 par le très bon « Under the verdict ». Il fallait bien alors redonner ses lettres de noblesse à ce premier album. La réédition est donc la bienvenue et rend honneur à cette première danse de fin du monde.
JUGULATOR se fait musicalement très américain sur cet album dont la production faite à la main n’a absolument pas à rougir de quoi que ce soit, tellement le groove est omniprésent. Et assez rapidement, ce style très américain qui a grandi en écoutant « And Justice for all » se constate facilement sur le second morceau, le terrible «Arabic Nightmare ». On y retrouve cette ambiance particulière de la fin des années 80’s avec un son de basse en plus. JUGULATOR signe un titre très charismatique avec des mouvements typiquement heavy/thrash, jusqu’à en tirer l’essence de l’album culte des four horsemen dans le son de batterie et son solo.

Rien qu’avec ce titre, JUGULATOR pose quelque chose de très professionnel dans sa musique et si l’album n’est pas extrêmement long avec ses quarante trois minutes, on passe de titre en titre sans jamais subir aucun lourdeur ni aucune longueur,alors que les morceaux tournent tous autour des six à sept minutes. Et c’est ici que JUGULATOR tire son épingle du jeu, parce que ses solos sont chaleureux et bigrement bien amenés, la batterie sonne d’une manière parfaite et les influences orientales bien que discrètes (« Wrong », « Arabic Nightmare ») savent se faire désirer au milieu des rythmiques de ramoneurs.

Etrangement le thrash n’est pas la seule corde à l’arc de JUGULATOR, et bien qu’ils n’en fassent pas usage démesurément, les gars réussissent à se faire plus noir sur « Hell geria ». On se prend le thrash distillé depuis le début certes, avec des ponts à polluer la rivière Kwai tellement ils sont explosifs, mais sur cette chanson les accélérations, grâce aux guitares exploitées de manière intensive, se voient en deux endroits poussées jusqu’à l’extrême traversant la limite du black/death mélodique.

C’est ce qui montre réellement le pouvoir de composition de JUGULATOR dont le panel est plutôt large.

Chaque titre possède une envie de jouer de la guitare autrement qu’à en balancer de simples rythmiques, la fluidité est là, et l’envie de musicalité au travers des solos est certainement une des forces du groupe.

Une des forces principales à tel point que « The evil is back » est une véritable démonstration de guitares au groove incendescent, car rien n’arrête jamais. Du long de ses sept minutes vingt, avec une construction presque progressive, cette chanson vous transporte littéralement vers les rivages dorés d’un thrash au halo heavy speed, parce que si l’introduction vous entaille l’esprit , les différentes acrobaties guitaristiques de ce titre finiront de vous achever après vous avoir vidé grâce à des riffs d’anthologie. Et même au beau milieu du morceau, alors que l’on ne s’y attendait pas, arrive subrepticement mais brillamment un passage d’une volupté rare qui n’est pas sans rappeler celui de « How many tears » des teutons.

Pourtant après cela JUGULATOR reprend une vitesse folle pour continuer de faire virevolter ses guitares et sa basse, dans une chaleur comme l’avait fait Metallica sur « One » et encore plus « Fade to black » en fin de titre.
Alors qu’il est difficile de se remettre de ce morceau, les algériens re-attaquent immédiatement avec et hymne guerrier « Ad Exitium » sur une diablerie de batterie et finissent comme des princes du désert avec « Cemetary of Memories » qui retrace dans le sable, leur base thrash et leurs discrètes mélodies orientales effacées par le Simoun.

Voici un album authentique , qui si vous étiez passé à côté, vous rappellera les plus belles années du thrash outre atlantique bien avant la moitié des 90’s où la musique et la mélodie étaient la principale motivation des jeunes qui voulaient monter un groupe , bien avant l’argent, les clics actuels et la renommée.


Respect.

Arch Gros Barbare

21/08/2023