GROUPE: JUGULATOR

TITRE ALBUM: Imperator insector

LABEL: Witches Brew

DATE DE SORTIE: 2024

Sorti il y a un peu plus d’un an et demi, cet album s’est fait attendre pour en profiter pleinement.

Le troisième album des algériens de JUGULATOR est certainement le meilleur qu’ils aient écrit pour plusieurs raisons.

Alors bien que leur premier album « Ad extitium » de 2019 fût vraiment très bon, réédité par Cabale Prod en 2023, tandis que leur second « Under the verdict » sorti en 2022 chez Musiko Eye, laissait entrevoir quelque chose de vraiment limpide dans la musique du groupe ; il fallait donc attendre 2023 pour que tout soit bel et bien confirmé.

JUGULATOR est un groupe de thrash à l’ancienne qui même si aujourd’hui intègre plus de passages thrash/death voire death dans sa création, les gars restent fidèles aux traditions et composent des morceaux qui ont la niaque.

Et donc cet album est certainement le meilleur des trois. Pourquoi ?

Eh bien parce que l’illustration signée MdesignDz est vraiment excellente et tellement dans l’esprit dévastateur de l’album. Et le vert c’est la vie Over Kill et Type O Negative vous le confirmeront.

Ensuite parce qu’il y a deux éditions, la première  simple avec les huit titres de l’album et la seconde avec un second cd qui reprend les huit titres, mais avec des invités nationaux tels que Danny J Kross, Seh Guitar ou encore le non moins connu Redouane Aouameur de Lelahell . Mais évidemment que ce n’est pas tout, il y a plus d’une dizaine d’artistes talentueux en invités sur ce second cd dont Julien « Nutz » et Mathieu Pascal de Gorod.

Et enfin, parce que la construction de cet album propose des dizaines et des dizaines d’incursions dans des mondes différents en conservant bien sûr la patte qui fait que JUGULATOR est JUGULATOR et que l’on reconnaît depuis le premier album, mais aussi parce que leur thrash bien que extrêmement bien construit dans ses racines reste chaud, brûlant d’énergie tant dans sa partie basique que dans son agressivité quasi death metal.

Et après la brève introduction qui montre que les insectes qui nous boufferont ne sont pas ceux sous terre mais sans doute ceux qui volent, « Infected focus » arrive avec fracas. Ce titre possède des riffs incandescents dont la première partie fait limite penser à du Exodus, tandis que le reste est tout aussi très américain. Ce n’est pas faux de penser que JUGULATOR qui auparavant s’inspirait pleinement d’ambiances proches des vieux Metallica, arrive aujourd’hui à imbriquer dans son thrash des multitudes de parties plus brutales.

Ce premier véritable titre de l’album mêle du thrash américain de la trempe des Exodus, des Testament , mais fait montre d’une grande évolution vers un death thrash limpide et même parfois vraiment death au vu de la batterie ultra violente.

L’évolution programmée est en marche et JUGULATOR est en pleine mutation tout comme son Imperator Insector.
Et quand on sait comment il est difficile d’évoluer dans leur pays, on a encore plus de respect.
C’est sans doute sur « Radioactive Mutation », que la fessée arrive. JUGULATOR maîtrise les mélodies thrash autant dans les riffs que dans la voix de Ramzy qui prend plaisir à réellement chanter et à balancer également du guttural qui vous laisse sans voix alors que les riffs tantôt se durcissent sévèrement comme Testament avait su le faire du « Demonic » ou encore « The Gathering », sans parler du dernier album, et tantôt s’harmonisent à la perfection.

Entre harmonies mélodiques donc et vitesse diabolique JUGULATOR montre qu’après trois albums le groupe est encore là, plus fort que jamais et que leur inspiration et leurs aspirations sont à leur paroxysme.
Ce titre est extrêmement fort, complet, et mélodique, parce que la mélodie est toujours présente chez les algériens.

Les racines du thrash, JUGULATOR ne les oublie pas, non loin de là, et le titre « Imperator Insector » en est le parfait exemple. Tout y est, cette rage , cette dynamique inhérente au thrash américain qui n’est pas extrêmement sombre, mais toujours profond. JUGULATOR joue sur les leads et laisse ses guitares prendre le dessus, à toujours en rajouter, sans jamais déborder, sans jamais exagérer. C’est ce qu’il se passe sur « Imperator Insector », même si les titres peuvent paraître longs (car entre cinq minutes minimum et plus de huit minutes pour certaines), la maîtrise de l’atmosphère, la maîtrise du fil conducteur est tellement présente que ça passe comme une lettre à la poste.

Et puisque l’on parlait de traditions, le metal sans solo, c’est pas vraiment du metal, et ici du solo sur des leads chauffés à blancs, il y en a. Lorsque l’on écoute « Imperator Insector » dans sa deuxième partie, le titre faisant presque sept minutes, JUGULATOR vous envoie à des années lumières des compositions dites thrash de certains groupe actuels. C’est aussi brûlant que le solo de « One » dans « And justice for all ».

Tous les morceaux portent une identité forte , les riffs de « Order the invasion » jonglent merveilleusement avec ce soupçon de groove, alors que « Bleeding earth » change de mouvements en mouvements à la Annihilator, que « From underworld » transgresse tous les codes, pour aller au-delà du death metal à pénétrer quasiment dans le black/death . La manière d’amener ce genre de modification dans son propre adn thrash montre que JUGULATOR sait muter et s’adapter à son nouvel environnement hostile.

« Imperator Insector » est un album incroyablement mutant, et si vous n’avez pas les défenses qu’il faut qu’elles soient immunitaires ou militaires, la seule chose qui va arriver, c’est que vous allez être pulvérisé.

Arch Gros Barbare

30/11/2025