KONKHRA - Sad plight of Lucifer -

GROUPE: KONKHRA

TITRE ALBUM: Sad plight of lucifer

LABEL: Hammerheart records

DATE DE SORTIE: 2024

KONKHRA, ce groupe un peu death au début, puis beaucoup trop groove qui a su conquérir une partie du monde à une époque, notamment avec leur premier album « Sexual affective disorder » en 1993. Puis qui en a perdu plus des trois quarts avec «  Spit or swallow ». Puis qui a de nouveau recommencé à plaire, non plus avec du death mais avec un truc hybride, parce qu’en 1997 c’était la grande tendance avec les Machine Head et consorts, et du coup « Weed out the weak » passait crème. Les premiers fans étaient perdus définitivement, les nouveaux appréciaient modérément
Puis de nouveau des choses étranges comme « Come down cold »
pour encore perdre du monde au passage, les laissant crever sur les aires d’autoroute du metal et se gargariser la gorge à coups de bières blondes pisseuses au goût de rien et à la mousse douteuse, tandis que le groupe continuait sa route sans but.

Et dix ans plus tard en 2009 « Nothing is sacred » qui n’attira pas plus de monde que ceux qui étaient partis. Et comme personne n’attendait rien, c’est tant mieux.

Et alors que KONKHRA tombait dans l’oubli, encore dix ans plus tard sortait « Alpha and the omega » en 2019 chez Hammerheart records ; pourtant bien plus intéressant et plus poilu que ce qui avait déjà poussé chez KONKHRA au fil des ans. Mais il n’y avait depuis bien longtemps plus personne pour attendre une nouvelle sortie de KONKHRA. Et c’est bien dommage parce que « Alpha and the omega » mérite son écoute car la brutalité est bien là.
Malgré tout
le groupe n’en avait pas fini avec le monde, la preuve en est, seulement cinq ans plus tard en 2024 arrivait ce « Sad plight of Lucifer ».
Pas un album extraordinaire, mais un album complet, qui fait bien son travail et qui au final comme « Alpha and the omega » redore bien le blason de KONKHRA et mérite aussi son écoute.
Un album de trois quarts d’heure, sorti de nouveau chez Hammerheart records, parce qu’ils ont foi en KONKHRA pour avoir aussi réédité le premier album.
Alors voilà, qu’est devenu KONKHRA ? Eh bien si l’on considère que « Alpha and the omega » était la suite logique de « Sexual affective disorder », ce « Sad plight of lucifer » est également la suite logique du « Alpha ».

KONKHRA ne joue pas quelque chose de speed, de technique ou de mélodique, au contraire les danois se cantonnent à rester basique. Basique, mais puissant et costaud. Et ça s’entend dans les morceaux parce que
sur leur musique qui s‘apparente à du death metal, les néophytes ne diront rien, les néo-metalleux s’empresseront de le confirmer quand les « néolithiques » crieront haro sur le baudet.

Et pourtant cet album mérite son écoute. La production est cristalline, album produit par le groupe et mixé par Tue Madsen (Moonspell, Dark tranquillity, Autumn leaves, Withering Surface…) et sa portée musicale est dignement représentée par son illustration désertique, prophétique et religieuse d’Alvaro Valverde.

On se retrouve à véritablement apprécier cet album pour ce qu’il est : un obus massif. Le premier titre éponyme fait montre du puissance dans le riff de base, tandis que « Revolution » plus court va chercher dans l’efficacité violente. Mais ce n’est rien à côté de « Seven plagues » un morceau qui pose un décor, qui va chercher l’auditeur en lui plaçant un riff d’ambiance qui appelle la mort au beau milieu du désert et de la poussière quand la voix de Anders Lundemark (connu aussi pour Daemon dont le « Seven deadly sins » était bien puissant) s’amuse avec des effets bien mortels.

KONKHRA confirme le retour qu’il avait annoncé en 2019 avec l’album précédent, et ce qu’il fait aujourd’hui va sans doute à contre courants, mais en même temps avec le réchauffement , il n’y a plus vraiment de courants. Du coup c’est un peu la foire à la saucisse. En attendant KONKHRA écrit ici un album fort plaisant pour qui ne va par chercher la putridité ou la morbidité et encore moins la crabocore attitude.

Non c’est simple, percutant immédiatement, et si quelques titres sont un peu trop faciles comme « Nothing can save you » avec de la rythmique accessible aux enfants de moins de dix ans, on sent quand même que l’envie est là et que la rage demeure.

Une rage qui sort sans précaution avec des chansons ultra intenses comme « The lesser key of solomon » où KONKHRA se lâche littéralement dans les ambiances désertiques en manque d’oasis. Ça riffe méchamment et c’est violent sans être brutal.
Puis un peu comme Kreator aurait pu vous surprendre avec son intro de « When the sun burns red » sur « Coma of souls » KONKHRA fait de même sur « August 6 1945 » en guise de petit instrumental qui annonce la terrible « Artificial sun ». Remarque il y a toujours « sun » dans le titre.

KONKHRA devient encore plus velu sur ce morceau , « Artificial sun » durcit le mouvement et montre que les années ont été bénéfiques à ce vieux groupe et qu’effectivement avec « Sexual affective disorder » et « Alpha and the omega », ce nouvel album représente la pierre angulaire qui laisse un excellent arrière goût sur la musique de ce groupe.

KONKHRA joue sur les harmonies, sans tomber dans la mélodie, et offre à ce morceau un côté encore plus malsain qu’ils ne l’ont fait depuis le début de l’album.

A quatre titres de la fin, on ne va pas laisser tomber si prêt du but.
« Magick » porte bien son nom et son entrée en matière sur les percussions permet de donner encore plus de relief à cet album , la redondance du riff lui offre de la profondeur avant que le groupe n’entame son virage final. Un virage final composé des trois temps, avec « Resurrection machine » un morceau un peu psychotique, mais qui conserve sa puissance, tandis que «  Gates of paradise » accélère avant la fin, le dernier sprint de violence sur un titre hyper speed qui redonne ses lettres de noblesse à ce groupe si peu connu et reconnu dans nos contrées finalement.

Et enfin, voici la fin, parce que « Tentacles of madness » vient fermer la marche funèbre de « Sad plight of lucifer » en laissant le groove de KONKHRA revenir un petit peu sur cette méchante déferlante présente sur ce nouvel album. La voix se fait claire, le tempo ralentit et même en ralentissant KONKHRA termine l’album en feu d’artifice avec un titre moins massif que le reste de l’album mais tout aussi puissant.

Ce retour déjà entamé il y a cinq ans, montre que KONKHRA a eu raison de continuer
et comme les membres sont là depuis le début, leur cohésion demeure sans faille. Hammerheart Records a eu raison, voici le troisième album de KONKHRA qui a de la gueule, et une putain de belle gueule.

Arch Gros Barbare

30/11/2025