GROUPE: VIGLJOS
TITRE ALBUM: Tome II : Ignis sacer
LABEL: Les acteurs de l’ombre productions
DATE DE SORTIE: 2025
Juste un an après la sortie du « Tome I : Apidae », les Suisses de VIGLJOS, sont revenus au mois de septembre de cette année pour laisser la lumière vous terrasser. Voici donc « Tome II : Ignis sacer » sorti chez les Acteurs de l’ombre. Sortie black metal à n’en point douter, mais black metal estampillé LADLO pour cette seconde sortie racée. Quoi de plus normal sachant que dans la musique des Suisses ressort un esprit très black metal des 90’s orientée vers les univers Burzumesques et Darkthroniens du début de carrière. A cela ajoutons un soupçon d’atmosphère pastorale dans un climat champêtre et l’on découvre alors quelque chose de nostalgique correspondant aux envies actuelles , tout en conservant cette bouffée magique qu’il y avait au siècle dernier.
VIGLJOS c’est tout ceci à la fois et ce deuxième album sent très bon l’esprit que mettaient en avant ces grands noms du black metal cités à l’époque.
D’abord à l’écoute de l’introduction « Sowing » ou plutôt l’instrumentale faisant office d’intro, VIGLJOS vous offre un peu plus de deux minutes de ce que beaucoup appellent « Dark Dungeon synth » aujourd’hui tandis qu’à l’époque des premiers Mortiis, il n’y avait que lui pour faire ça avant de partir dans ses délires electro (qu’il n’a jamais renié d’ailleurs), il n’y avait pas forcément de nom, à part que ce fût « medieval ritual », quelque chose comme ça.
Enfin bref, avec ce morceau VIGLJOS rend hommage à toute une génération de black metalleux qui découvraient un monde, qui se découvraient avec les Mortiis, Vond ou même encore les Evol et consorts.
Le son de ce nouvel album est parfait , d’une propreté classique aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas avant parce que le mouvement voulait cela avec le black metal de l’époque. Rajoutons en plus un digipack trois pans, avec une couleur elle aussi bucolique dont les illustrations confirment la portée du propos de VIGLJOS, et nous obtenons une alchimie parfaite pour que cet album puisse être accueilli dans des conditions optimum.
Mais il ne faut oublier le principal : la musique.
VIGLJOS rend son black metal meilleur sur ce second album, parce qu’avec « A seed of aberration » . Encore une fois, exit les paroles portées sur le grand Satan, le black metal d’aujourd’hui est rustique, engagé et parle de graines et de culture du champ, quand d’autres sont plutôt marins pêcheurs.
Et ce qui est assez incroyable c’est que ça fonctionne clairement bien. Le premier titre très campagnard, sans être péjoratif (loin de Bran Barr ou de Stille Volk, n’allons pas cultiver ces terres là), montre le talent de ce groupe, parce qu’avec l’utilisation de sonorités en percussion assez particulières, on y découvre des rythmiques très avant-gardistes où les ralentissement de guitares , cette distorsion de temps, confrontées à certains sons orientés musique d’Europe de l’Est, (bien que les montagnes suisses restent présentes), font que VIGLJOS crée un nouvel univers.
La voix de VIGLJOS est totalement torturée parce qu’à côté des hurlantes criardes communes dans le black metal, VIGLJOS y joint également une seconde tessiture que l’on retrouve dans certains groupes dépressifs, une voix suraigüe qui se pose exactement où le côté lancinant se fait sentir sur les ralentissements, comme c’est le cas avec « The rot ».
VIGLJOS joue un black metal qui dérange mentalement, quelque chose qui à l’écoute attire autant qu’il donne la nausée par son aspect visqueux, pesant et étouffant.
C’est grâce à cela que le groupe sort son épingle du jeu. L’esprit combatif de « Claviceps », la facette plus primitive de « Dellusions of grandeur », sa mélancolie roots et rentre dedans offrent à cet album un panel aussi très ouvert dans son univers finalement.
Et pourtant alors que l’on ne s’y attendait pas le groove très bluesy, très country de « Decadency and degeneration » pointe le bout de son nez, à contre courant de ce qu’il y a sur l’album de prime abord, puisque ce riff de cow-boy s’efface un peu par la suite pour que la vitesse, la rage et la violence reprennent le dessus.
C’est un album qui fait voyager en vous donnant la taille d’un insecte, pour peu que l’on apprécie ce black metal pensif où l’esprit et la musique ne font qu’un, car c’est de la poésie que propose « Harvest », tandis que « Fallow » annonce la fin, mais également le début d’un autre cycle. Instrumental qui vous rappelle que tout n’est qu’un éternel recommencement…
« Tome II : Ignis sacer » est plus pertinent que son prédécesseur, et VIGLJOS avance dans sa création. Voici un album qui parle de maladies, qui parle du mal des ardents, le reste c’est à vous de le découvrir...Soyez curieux, écoutez-le.
Arch Gros Barbare
01/12/2025