22 octobre 2024
Groupe : CALCINED
Titre : To Rot In A Honeybeam
Label : Great Dane Records
Année : 2024
Plus ces Suisses avancent, plus ils évoluent dans la régression et chaque album est d’une saveur incontournable tellement leur violence est extrême, mais extrêmement bien dosée dans la sauvagerie et la punkerie grindiloquante.
Ça va faire presque dix ans depuis la sortie de « Tormenting attractions », et CALCINED qui n’avait laissé que trois ans entre « Tormenting attractions » et « Discipline », en aura laissé six pour que macère bien salement leur musique un peu death, un peu grind, un peu punk, un peu crust, et toujours brutale.
C’est assez marrant parce que le brutal death de CALCINED est devenu plus pointu, dans les atmosphères et dans les ambiances glauques mais surtout ça fait seize ans que le groupe existe, et du coup, comme il n’y a eu que peu de changements de line-up, ça leur a laissé le temps de réellement peaufiner leur death metal très brutal.
Pas beaucoup de remous médiatique pour ce groupe qui pourtant domine très bien son sujet, et si les relents très Gorefest du premier album sont déjà une lointaine pensée, le côté nettement plus punk organisé et grind brutalisé a pris le dessus définitivement. Mais ça reste brutal et death majoritairement.
La voix de Magnus est d’une folie meurtrière, ça part dans tous les sens, autant dans la gutturalité que dans le hurlement d’internement, et c’est ce qui donne immédiatement à CALCINED une fraîcheur sans nom. A cela ajoutons ces changements de rythmes, de vitesse syncopée dans un mouvement psychotique implacable comme sur « Hic Sunt Dracones », ça donne à ce nouvel album les lettres de noblesse que mérite CALCINED au bout de trois albums.
Déjà « Discipline » était plus schizophrénique que son prédécesseur, mais les six années passées à ruminer, entre covid, guerre et pollution, ont offert à CALCINED l’inspiration de malade qu’il fallait pour écrire un album purement époustouflant.
C’est un véritable rouleau compresseur de trente huit minutes qui s’offre à vous, toujours aussi sombre et sale, et le death metal reste tout de même la porte d’entrée de l’univers de CALCINED, on s’en rend compte à chaque morceau, parce que le lead guitare est là pour nous le rappeler, c’est encore plus fou, encore plus violent, encore plus puissant et quand on s’attarde sur la violence de la batterie et la folie des cordes, on s’aperçoit que CALCINED maîtrise comme une orfèvre les attaques auditives qui sortent de leurs esprits dérangés.
Intense jusqu’à en crever, ce nouvel album « To Rot In A Honeybeam » est une dinguerie phénoménale, même sur « The Dungeon Master » on a quelques riffs presque black dans tout ce marasme étouffant et psychotique, c’est bluffant de brutalité.
Et le groove est toujours là, mixé à la technique pour que jamais ô grand jamais on ne tombe dans une chiasse infâme à s’embourber jusqu’à s’en foutre plein les narines. Non CALCINED se garde bien de vous atomiser en vous plongeant dans les méandres de la folie, ils vous plongent dans la lobotomie et le lavage de cerveau avec un visionnage d’images terrifiantes en vous tenant toujours par le col pour vous ressortir en cas de perte de conscience.
Peut-être trop intense pour les âmes sensibles, mais ce nouvel album confirme définitivement le talent de ce groupe, et vient poser une nouvelle pierre, faisant de ces trois albums une espèce de trilogie brutale inouïe.
Groupe à suivre, vraiment, parce que c’est tellement complexe, condensé en surface, et tellement détaillé en profondeur qu’il faut un certain nombre d’écoutes pour tout assimiler chez CALCINED.
Et donc juste Woaw, grosse sortie que ce troisième album, la sauvagerie dans son état le plus essentiel.
Arch Gros Barbare
22/10/2024
