RED DEAD -Forest of chaos-


18 mars 2020

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Groupe : RED DEAD
Titre : Forest of Chaos
Label : Great Dane Records
Année : 2020

Deuxième album pour les basques de RED DEAD, un groupe qui s’évertue à mûrir son death metal doucement en ne ratant aucune étape et prenant son temps, puisque trois ans séparent celui-ci de « Therapy of the evil ».
RED DEAD poursuit son chemin sans se soucier de ce qui se fait autour, avec l’envie de jouer du death metal pas forcément ancré dans une tradition précise lui non plus, mais toujours dans un concept ciblé, fil conducteur de leur évolution et de leur histoire contée à qui veut bien la découvrir.

Nous voici donc face à un peu plus de quarante minutes dispatchées sur douze épisodes qui se déroulent, non pas sous vos yeux, mais dans vos oreilles, où l’on se rend compte que RED DEAD fait partie de cette vague française ni confinée dans le old school pur et sombre, ni dans la brutalité caverneuse et opaque d’une certaine scène. Au contraire RED DEAD se situe plus dans cette scène death metal étrangement rassemblée sous l’étendard Great Dane Records, comme les Voorhees ou autres Nihilism qui possèdent cette force et cette humilité qui inspirent le respect, sans que ce soit d’office par rapport à la scène à laquelle ils appartiennent, mais par rapport à ce qu’ils composent.

« Forest of chaos » n’a pas, dans sa production maison mixée par Mat Bungle et masterisée par le Conatus Studio, cette couleur nostalgique que possèdent les groupes death metal français purement old school et cela s’en ressent aussi sur cet artwork de Antonio Vives et le layout en lui-même où l’on constate une certaine modernité graphiquement visuelle. Mais qu’importe, car ne pas aller au-delà des apparences, serait quelque part manquer de curiosité, tandis que le contenu balance tout de même des boulets rouges qui font mouches.

En effet, au-delà de cette première impression sur certains morceaux relativement basiques comme « Forest of flesh » ou « The gatekeeper », on se rend compte assez rapidement que l’album dissimule plutôt pas mal ses entrailles. Si l’ambiance demeure « caterpillar » sur la plupart des titres sans penser à faire respirer la terre, certains passages démontrent que RED DEAD a pris de la bouteille comme le vieux whisky au caractère tourbé qui ne souffre ni la présence de glaçons ni celle d’un cola aux bulles sucrées. Les « butcher’s pray » avec cette volonté d’y saupoudrer des moments plus thrash ou encore « Black valley », avec une intensité presque black/death, où les vocaux suivent le mouvement justement pour ne pas se cantonner à rester dans le guttural death, sont autant de spécificités qui donnent à RED DEAD l’apprentissage de sa propre singularité.

C’est d’ailleurs peut-être à ce moment précis que l’album prend un tournant plus intéressant, car avec « Black valley », RED DEAD se lâche dans la profondeur et donne de véritables atmosphères à ses morceaux, une véritable identité et quelque chose d’essentiel pour coller à l’estomac de l’auditeur.

Et ce qui suivra sera d’autant plus acide et pimenté car « Red eyes children » confirmera que RED DEAD ne s’attache pas à rester dans l’homogénéité death metal, mais aère ses compositions tout en restant brutal.

C’est le cas sur des titres tels que « Old skull road » qui ralentissent le tempo pour poser une atmosphère plus glauque, à l’ancienne en effet, mais qui permet d’apprécier RED DEAD avec toute l’attention qu’il mérite. Et quand on parle de choses plus thrash, on le retrouve forcément sur certains riffs de « Antidote trap » qui se mélangent à la violence de riffs death brutaux primaires et sauvages, ou bien encore « Epidemic fangs » avec quelque chose de plus mélodique.

C’est en cela que RED DEAD a su mettre plusieurs cordes à son arc, car ils ont varié leurs plaisirs sur ce nouvel album à en flirter jusqu’au death brutal par endroits et sur une morbidité latente sur d’autres comme avec « Winds of chaos ».

Voici donc un second album plus personnel, mieux écrit, mieux pensé, où le Death metal de RED DEAD prend de la couleur et de la personnalité sur pas mal de morceaux.

Arch Gros Barbare

18/03/2020