ARTERY - Last Chance -


18 décembre 2024

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Groupe : ARTERY

Titre : Last Chance

Label : Great dane Records

Année : 2024

En 2009 on découvrait les maricharentais de ARTERY avec leur premier album « Avoid the unknown », ça remonte, ça fait maintenant quinze ans. L’heretic Bordeaux…Tout une période.

On a pris des rides, on a pris de coups, certains ont perdu des cheveux et d’autres n’en n’avaient déjà plus.
ARTERY est un groupe qui oscille entre le thrash et le death depuis un moment déjà, puisque leur premier album était entre deux eaux, que leur second album « Eternal sanctuary » s’orientait nettement plus vers le thrash originel. Mais en même temps quand on connaît les membres passés, on sait que les anciens avaient de la bouteille.
Malheureusement si l’excellent guitariste qu’est Thierry, accompagné de Uelcos tout autant méritoire, savent écrire du riff qui tâche, ce qui a toujours posé problème chez ARTERY c’est la stabilité du line-up et d’autant plus du vocaliste qui en aura vu passer des candidats. En ce sens c’est peut-être ici le talon d’Achille du groupe, comme de tous les groupes d’ailleurs. Ceci-dit depuis 2018 et 2019, cela semble s’être réglé , alors tant mieux pour le groupe qui a fait quelques bonnes affiches depuis la sortie de leur troisième album « Dreamland » et juste avant la sortie de celui-ci.

Sept ans et deux Ep’s plus tard, ARTERY a réussi à trouver une bonne combinaison pour présenter au monde un nouveau rejeton. « Last Chance », et quant on voit le parcours compliqué, on peut se poser la question s’il n’était pas très à propos.
Donc depuis leurs débuts en 2006, le groupe a évolué musicalement, beaucoup plus brutal, beaucoup plus violent, car ARTERY a encore passé une étape.
D’abord parce que leur pochette signée CLLK Artwork est la plus belle qu’ils n’aient jamais sortie. Elle a cette couleur nostalgique et ce grain de folie à l’ancienne qui rend hommage à la musique extrême.
Ensuite parce que niveau composition, il y a un travail énorme qui a été réalisé. L’intérêt musical de ce nouvel album c’est qu’ ARTERY arrive à combiner son envie de modernité tout en conservant sa sempiternelle écriture de riffs à l’ancienne.

Le côté multifacettes du groupe est encore une fois mis en avant, on le sent tout de suite parce que l’introduction de « Last Chance » remonte le temps , tandis que les riffs sont death/thrash, avec une modernité qui s’est développée beaucoup plus ces dernières années, pour prendre toujours plus de place.
Une modernité aussi qui se caractérise par la tessiture de leur nouveau chanteur, qui représente sans doute cette jeunesse actuelle, un timbre assez core, dans le hurlement virulent qui s’impose aujourd’hui aux âmes les plus jeunes, et qui aussi parfois rebutent les âmes les plus anciennes. Ce qui offre un constat mitigé, en fonction du côté de la barrière où l’on se trouve. A vous d’en juger.

Et si le premier titre faisait office de rajeunissement, les titres qui suivent montrent l’évolution de violence et de brutalité qu’a pu prendre ARTERY. En effet « Welcome inside the game », possède cette ligne directrice d’un lead thrash tandis que la rythmique est hyper death metal, et que la batterie est massivement death metal brutal. En même temps pour les avoir vu en concert, leur bassiste et leur batteur ne sont pas là pour enfiler des perles, les gars sont réguliers comme une grève de cheminots en fin d’année.

On s’attache à différentier la ligne musicale de la ligne vocale, tandis que les vocalises plus claires du hurleur qui en arrivant à brûle-pourpoint ont quand même la capacité d’avoir un effet intéressant.

Cet album déstabilise par sa force et sa vitesse brutale qui se retrouvent sur l’intégralité des titres, mais aussi par le fait qu’ ARTERY allie à cette brutalité un savoir faire d’artisans de l’ancien temps. Du coup on se trouve réellement dans un style majoritairement death metal , avec une réelle intensité, tout en y apportant une âme thrash sur le fond des guitares, alors que les vocaux sont résolument core et bien mis à nu sur « Dictatorship in blood ». Reste à savoir comment visualiser « The thing ».

C’est alors compliqué d’être objectif quand la subjectivité est un réflexe humain. Sur son côté instrumental cet album regorge de bons passages, qu’ils soient dans la violence, la rapidité ou la brutalité, parce qu’à chaque fois que ça part à la baston, ARTERY réussit à y intégrer un lead, un riff, qui se démarque de tout le reste pour donner au titre ce petit grain qui fait péter les rouages. Sur le côté chant il faut être amateur de groupes deathcore ou melocore et forcément ça tranche, mais il est évident que les vieux étant en voie de disparition, cette nouvelle distribution de cartes ne pourrait être qu’intéressante pour ARTERY.

Pour terminer leur chrysalide, on découvre sur cet album un combo de titres comme « Unleach the beast » et « Hate » qui partent dans une agressivité relativement mélodique avec cet effet très anxiogène qui a été relativement présent sur la plupart des productions qu’ils ont sortis.
L’album possède de bons atouts, mais il est difficile à appréhender de prime abord, puis dans un second temps, car il faudra plusieurs écoutes pour en comprendre l’essence même.

En tous les cas, ça fait plaisir de revoir ce groupe, parce que leur sincérité humaine a toujours été quelque chose de très présent chez eux.

Arch Gros Barbare

18/12/2024