
06 mai 2025
Groupe : CARCOLH
Titre : Twilight of the mortals
Label : Sleeping church records
Année : 2025
Cet album était attendu comme le Messie, parce que les girondins de CARCOLH font partie de la caste des doomsters chevronnés et religieusement ils suivent une route qui les mènera indubitablement vers le firmament céleste des meilleurs groupes de doom traditionnel teinté de doom/death , autant français qu’internationaux.
Alors oui, la scène est limitée en matière de doom par rapport à celle de death metal, mais qu’importe, les bras ouverts vers le ciel pour accueillir ce troisième album , et le voici qui arrive enfin pour sauver vos âmes en perdition.Si Bathory avait son « Twilight of the gods », CARCOLH aura son « Twilight of the mortals ».
Assurément, même si depuis Marble Chariot, Sun Preachers ( que c’est bon) , Oyabun ou encore Degraded, du chemin a été fait, nous sommes ici devant le troisième album de CARCOLH. Les deux premiers étaient déjà extrêmement délicieux, mais ils ne sont que mises en bouche comparés à ce nouvel album.
Quatre ans après la sortie du terrible « The life and works of death », les voici de retour sur le devant de la scène, avec toujours autant d’humilité, toujours autant de simplicité, mais avec une aura divine, et un sens de la mélodie qui transcende tout ce qu’il y a de mortel ici-bas.
La voix de Sire Fanton a encore pris de la profondeur, et sa tessiture qui colle tellement bien à leur musique a fait de lui, pourvu que l’on s’y intéresse, un chanteur de qualité dont la singularité vocale est devenue une véritable signature pour CARCOLH.
Parce que « The life and works of death » était déjà monté très haut dans le qualitatif, il ne fallait pas redescendre les marches de la spiritualité. Pour ce faire CARCOLH a donc réitéré son alchimie qui leur a réussi, en retournant au Heldscalla studio pour enregistrer et mixer cette nouvelle offrande divine, puis au Drudenhaus pour masteriser ce chef d’oeuvre, dont le visuel est une fois encore assuré par J R Erebe , qui réalise une illustration toute aussi splendide que celle de l’album précédent. Les traditions restent ancrées dans les mœurs des gens authentiques et sincères, CARCOLH ne déroge pas à la règle.
Et parce que le Doom ne s’écoute pas en un instant , parce que le Doom prend le temps de s’installer, de se savourer et de sublimer le quotidien ; parce qu’à l’instar des Candlemass, My Dying Bride, ou encore Trouble, la mélancolie qui doit ressortir de leur musique est chose primordiale, CARCOLH a écrit ici, un peu plus de trois quarts d’heure d’isolement, découpés sur six hymnes dédiés à l’introspection , à une vision rationnelle de notre humanité à travers de nouvelles chansons très longues, mais riches en émotion et en ouverture.
Parce que de l’ouverture il y en a, encore une fois, CARCOLH a passé un cap pour développer sa complainte et semer son spleen dans vos cerveaux comme on sème une graine dans les sillons de cette terre ancestrale. CARCOLH ne joue jamais dans la surenchère, mais sait vous amener naturellement dans son univers , le doom dans toute sa splendeur.
« For every second... » propose des guitares aussi puissantes que mélancoliques que celles des anglais de My Dying Bride où le lead guitare prend une dimension irréelle pour introduire ce petit côté légèrement heavy/doom et ainsi faire en sorte que ce premier titre soit immédiatement létal.
Et c’est avec ce premier morceau que l’on sait que CARCOLH a encore évolué vers quelque chose de non palpable , vers une musique incroyablement inspirée.
A côté de cela, lorsque l’on se rend compte que CARCOLH a envie d’insérer plus d’explorations heavy , on s’aperçoit qu’il peut parfois se rapprocher de groupes tels que Crypt Sermon ou Saint Vitus , sur des titres nettement plus enjoués grâce à ce côté épique avec « Ashes are falling down ».
Ce qui se combine parfaitement avec « The battle is lost », un titre taillé dans la pierre , aux allures de guerrier et à la rythmique imposante à laquelle se joignent des harmonies de guitares vraiment mélodiques et un solo de fin si puissamment plaintif, qu’ils arrivent à réellement montrer au monde que le groupe a de la ressource, et que chaque sortie est un pas gigantesque en avant.
Mais le doom écrasant, majestueux et solennel reste leur devise, parce que si « My prayers are for rain » relance la lenteur en rythme de croisière, c’est une chanson qui avec ses dix minutes, exacerbe les complaintes pour mieux vous faire apprécier l’instrumental qui suivra.
Car le titre éponyme est en réalité le plus court qui, avec ses intonations proches des certaines guitares de Led Zeppelin et de Anathema, offre à ce nouvel album la touche finale qui lui donne sa noblesse sans conteste.
CARCOLH est un groupe exceptionnel, avec une inspiration si grande que jamais le doom français, n’avait eu aussi magnifique ambassadeur.
« Twilight of the mortals » est un regard sur ce que nous sommes. Il vous suffit d’ouvrir les yeux.
Arch Gros Barbare
06/05/2025