ENTREVUE - FRAKASM - 16 02 2024


20 février 2024

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Groupe français, dont les membres ont un caractère affirmé, FRAKASM a sorti son deuxième album « And so the blood was shed », chez Great Dane Records il y a peu. Du death metal, de la mélodie, de la brutalité et de la sincérité. Monté d’un cran, FRAKASM affirme ses envies, et son efficacité parce que ce nouvel album est redoutable. Un aperçu de la pensée de Butcher et Nico en quelques lignes...

Bien le bonjour, 2023 et précisément le mois d’octobre annonçait la sortie du nouvel album de FRAKASM, il vous aura fallu six ans tout de même. D’abord c’est une bonne chose car dans ce monde qui brûle à toute vitesse, au moins ça aura laissé le temps de vraiment connaître « Century of decline », donc forcément première question, comment vous expliquez cette prise de temps et ce délai, sommes toutes très raisonnable ?

Butcher : Salut, effectivement six ans ça semble énorme ! Cela aura été péniblement long pour nous. Comment expliquer cela ? Évidemment cette merde de covid aura mis un frein considérable à nos projets, des changements de situations professionnelles et personnelles dans la vie de certains d’entre nous n’ont pas aidé non plus. Ce n’est pas improbable que « And So The Blood Was Shed » aurait pu voir le jour deux ans avant. Les choses sont ainsi.

3 - Nico.jpg (43 KB)Effectivement entre-temps Guitch (guitare) et Thomas (batterie) sont partis et ont été remplacés par Jérôme et Ethan ; et récemment Ethan a quitté le groupe pour raisons musicales personnelles.
Alors que s’est-il passé pour Guitch et Thomas, et est-ce que vous avez réussi à trouver un remplaçant à Ethan ?

Butcher : Guillaume, si mes souvenirs sont bons avait arrêté le groupe parce qu’il n’y trouvait plus son compte dirons-nous. Thomas nous a quitté du jour au lendemain pour intégrer une sorte de secte de farfelus locale, de toutes façons il prenait les choses de manière nonchalante et franchement cela nous gonflait tous sérieusement. Mais nous avons gagné au change avec l’intégration de Jérôme et d’Ethan. Comble de malédiction ce dernier a décidé en milieu d’année dernière de passer à tout autre chose (rires). Concernant son remplaçant, Clément nous a rejoint très récemment, nous travaillons beaucoup et les choses avancent relativement bien.

Le travail qu’ont réalisé Jérôme et Ethan sur ce nouvel album avait-il aidé à changer l’identité de FRAKASM, pas en termes de relations humaines, mais en termes d’évolution qu’elle fût mélodique ou brutale ?

Butcher : Nico est à l’origine de tout, que ce soit de l’évolution des mélos et de la brutalité ! Mais il est clair que le jeu et le talent d’Ethan ont contribué à la réussite de ces évolutions que tu notes pour cet album. Jérôme, lui, a la capacité d’assimiler très rapidement les compos que Nico nous propose. D’autant plus qu’ils se connaissent depuis de nombreuses années, l’alchimie a toujours fonctionné entre eux.

4 - Nico 2.jpg (45 KB)Le travail d’écriture a été exponentiel et les années ont été mises à profit, parce qu’on sent que FRAKASM est plus rapide dans ses compositions, même si parfois plus mélodique dans sa brutalité et également on sent que l’inspiration dans les morceaux eux-mêmes a été travaillée, peaufinée, combien de temps il vous aura fallu pour réellement estimer que l’album était terminé ? Parce qu’on sent un gouffre d’évolution entre vos deux albums ?

Nico : Deux des titres de cet album étaient déjà écrits avant notre séparation avec Thomas et Guillaume. Avec les changements de line up à cette époque, nous avons pris un retard considérable sur le travail du nouvel album parce qu’effectivement nous avons dû retravailler sur les titres du premier album avec Jérôme en 2018 et de nouveau avec la venue d’Ethan en 2019. Je ne saurais pas dire exactement combien de temps il aura fallu pour réellement estimer que « And So The Blood Was Shed » était terminé avec toutes ces péripéties, sans parler du Covid qui nous a bien emmerdé…

Dès le départ, mon souhait était que notre second album soit en premier lieu plus sombre que le précédent opus. Les harmonisations choisies apportent une couleur de son différente par rapport à « Century Of Decline ». Néanmoins, je suis resté fidèle à ma vision de composition, toutes les structures de morceaux diffèrent les unes des autres et chaque titre a son identité. Cet album est plus brutal et plus abouti que ce que nous avions sorti en 2017. Le chant est lui aussi plus massif, Butcher a fait un sacré travail !

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On a même la sensation que pour mieux vivre votre propre musique, vous donnez libre cours à vos sources d’inspiration et vos propres influences. J’en veux pour preuve avec « Lunar blood Obsession » ou « Dilaceratio Corporis », on sent le fantôme de Chuck Schuldiner dans ses derniers albums, sans pour autant que ça enferme Frakasm dans sa propre personnalité, tout est fusionné pour donner un morceau exceptionnel. Est-ce que vous avez finalement écrit différemment sans vous freiner ou vous donner de limites, et est-ce que l’inspiration du DEATH de Chuck est vraiment là, on se fourvoie ou pas ?

Nico : En effet je suis un gros fan de Chuck, ça me fait bien plaisir que tu l’aies ressenti, Death est pour moi une de mes grandes influences musicales. En ce qui concerne mon inspiration, la musique me vient et j’ai ce besoin d’écrire sans me donner de limites. C’est pour moi quelque chose que l’on exprime avec tellement de sentiments et de sincérité. La musique peut être tellement nuancée d’ambiances, de mélodies, de brutalité ou autres. C’est pour moi une possibilité de m’exprimer beaucoup plus profondément qu’avec des mots.

5 - Jérôme.jpg (45 KB)Alors beaucoup de mélodie oui, beaucoup d’harmonies oui, mais finalement peu de solo. Pourtant FRAKASM se situe à la croisée des chemins entre deux millénaires. Je constate que de plus en plus de groupes, mettent de moins en moins de solo et ce n’est pas forcément le fait de dire que cela ne s’y prête pas, car Morbid Angel ou Slayer ont fait des solos tellement schizophrènes qu’ils passaient partout. C’est un constat que vous pouvez faire, que ce soit pour FRAKASM ou pour la scène death actuelle ?

Nico : En ce qui concerne FRAKASM, le placement et la durée des solos me viennent naturellement pendant l’écriture de ceux-ci. Je ne les prévois jamais d’avance, c’est vraiment différent dans l’inspiration d’un morceau à un autre. Par exemple sur le titre « Lunar Blood Obsession », j’ai jugé qu’il n’était pas nécessaire d’y mettre un solo parce qu’à mon goût, ce titre est suffisamment mélodique et ambiant. Par contre, si vous écoutez le titre « I Curse You All », celui-ci comporte plusieurs solos dont un riff entêtant à la fin, nourri de plusieurs petits solos. Encore une fois, ce que j’ai voulu en priorité pour chacun des titres, comme à mon habitude de composition, c’est que l’on ne puisse pas deviner leur évolution. Je pense que c’est ce qui fait que l’écoute complète de l’album passe relativement vite.

Sur « And so the blood was shed », il y a également un gros travail sur les vocaux, sur le doublage de ces derniers, sur la manière également de les placer. Alors comment Butcher a amorcé cette étape, celle de la construction vocale, puis celle du studio bien évidemment, parce que parfois ce qu’on a dans la tête n’est pas forcément ce qui ressort de la bouche ?

Butcher : Dès lors que Nico boucle un morceau, il me le transmet et je m’y consacre dans sa totalité. L’écriture du texte et le placement des vocaux se font en même temps. Je m’imprègne de l’ambiance musicale qu’il dégage pour que, selon moi, le thème du texte y colle parfaitement. Une fois ceci fait, Nico et moi faisons une maquette afin de nous rendre compte du résultat et au moment de l’entrée en studio, il n’y a pour ainsi dire quasiment rien à modifier ou replacer. Pour ce qui est des doublages, c’était un sacré exercice, très physique, le referais-je comme tel ? T’elle est la question ! (rires)

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Comme on dit dans l’armée « mêmes éléments, même hausse », vous avez de nouveau travaillé avec Sebastien Gossaert pour l’enregistrement et le mixage, ainsi que Alexis Kevork Bassali pour le mastering et même Rémy de Headsplit design pour la pochette. Qu’est-ce qui vous lie à ces personnes pour que vous reveniez au même endroit six ans plus tard ? Ensuite on note visuellement une différence car si « Century of decline » semblait plus gore, cette pochette ci, bien que baignant dans un autre univers de nuances de couleurs, apporte une certaine noblesse qu’il n’y avait pas sur le premier album. Une noblesse qui d’ailleurs s’entend réellement dans la composition.

Et donc si le travail de Headsplit design se comprenait sur « Century of decline », que doit-on comprendre sur ce nouvel album ?

Butcher : Sébastien et Alexis sont de bons amis nous aimons travailler avec eux et je pense que nous continuerons avec eux tant qu’il en sera possible. Nous ne connaissons pas personnellement Rémy mais nous sommes toujours satisfaits des travaux qu’il nous propose. Pour « Century Of Decline » nous étions plus jeunes, d’une certaine manière nous avons évolué, gagné en maturité, ce qui se ressent dans les compositions de « And So The Blood Was Shed » et je pense que de ce fait là, la cover suit cette évolution. Les directives pour la première cover étaient plus fournies, un mélange des éléments de ses 8 titres, ce qui donne sans doute ce petit four tout de la pochette. Pour ce second album, nous lui avons donné carte blanche, il fallait juste que cela colle avec le titre. On notera tout de même une corrélation entre les deux pochettes.

7 - Butcher.jpg (52 KB)Le message était plus limpide sur « Century of decline », de quoi as-tu voulu parler ici Butcher, car on sent qu’il y a plus de complexité et plus de profondeur dans la portée de tes paroles, qu’en est-il ?

Butcher : A l’époque, pour l’écriture de“ Century Of Decline “ je me suis moins fendue la couille, en effet ! Nous étions un peu plus dans l’urgence je pense, nous voulions pouvoir tenir un set honnête et rapidement monter sur scène. A mon arrivée dans le groupe, la moitié des morceaux étaient déjà composés et Auré s’était chargé d’écrire les lyrics des morceaux « Hirosaki », « In the Womb » et « Cerebral Torture », me restait à faire le reste et donc me remettre à écrire des textes, choses que je n’avais pas fait depuis des lustres. La différence finalement avec ce second album et toute simple, c’est l’expérience du premier ! Je me suis beaucoup plus investi, d’une part parce que les compositions me parlaient considérablement plus que les toutes premières. D’autre part j’ai eu la possibilité de me retrouver en isolement pour écrire, ce qui m’est nécessaire. Le fait d’avoir, cette fois, la charge complète des textes n’y est pas pour rien non plus et contribue à l’homogénéité de la chose. Il y a eu un travail de recherche, notamment pour des sujets que je ne maîtrisais pas forcément et ce qui va peut-être répondre plus clairement à ta question sur cette sensation de profondeur est que j’y ai intégré beaucoup de ma personnalité si je puis dire, ça me ressemble plus, chaque titre possède une partie de moi, même si je n’en suis pas l’acteur.

Autant sur « Century of decline » que sur ce nouvel album, vous arrivez à écrire quelques titres qui font plus de six minutes. Et même si vos albums ont toujours eu la bonne intelligence de ne pas dépasser les quarante-deux minutes, c’est toujours risqué quand on fait une musique extrême qualifiée death de placer des titres qui font plus de six minutes, parce que ça peut en perdre sa brutalité pour gagner en progressivité et parfois on perd du monde en passant...

Butcher : C’est un pur hasard que nos que nos deux albums aient quasiment la même durée. Sans vouloir s’y comparer, c’est un peu monnaie courante d’avoir de longs morceaux chez des groupes comme Vital Remains, Nile, Death pour ne citer qu’eux. Certains titres sont longs simplement car ils doivent l’être, juste assez pour ne devenir trop pompeux qui plus est. Nos influences sont diverses et ne se limitent pas juste au vieux Death Metal traditionnel. Nous ne faisons pas cette musique pour plaire à tous ou a contrario uniquement aux puristes, notre musique est telle parce qu’elle nous plaît ainsi avant tout.

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Bon, parlons des bonnes choses avant les mauvaises aout 2023, a-t-il été mémorable pour vous, je parle bien sûr du concert avec Vile et Vector. Forcément Vile en matière de death metal a fait sensation il y a quelques années, plus rien depuis 2011, comment s’est passé le concert ? Si vous le pouvez, des dates seront elles prévues pour 2024 ? D’ailleurs étant des hauts de France, est-ce qu’il n’est pas plus facile pour un groupe underground de trouver des dates parce que la proximité avec la Belgique, parce que les grosses villes du Nord proposent toujours plus que dans le sud qui coûte plus cher et dont les salles ferment petit à petit ?

Butcher : Le concert s’est superbement bien passé, l’affluence fut excellente. L’orga, les groupes et le public étions tous ravis. Cela faisait plus de trois ans que nous n’avons pas joué en live, ça nous avait vraiment manqué. Nous espérons pouvoir reprendre les concerts pour milieu 2024, le temps que Clément soit au point et à l’aise derrière les fûts avec notre nouveau set. D’ailleurs ce serait génial justement pour nous de descendre dans le sud !

Oui, c’est vrai que par chez nous, il y a des concerts pratiquement toutes les semaines. La proximité avec la Belgique ne nous a pas plus avantagé qu’un autre groupe je pense, il me semble que l’on y a joué qu’une seule fois d’ailleurs, nous n’avons pas cherché plus que ça à y aller en fait (rires).

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Bon pour se dire au revoir je vous laisse rappeler où on vous contacte pour vous choper du merch, vous faire jouer ou rejoindre votre groupe, et merci pour le temps consacré !

Butcher : Merci à vous pour votre soutien et de nous avoir proposé cette entrevue !

Les gens peuvent prendre contact avec nous à cette adresse frakasm.band@gmail.com et retrouver notre merch ici https://frakasm.bandcamp.com .

Mais aussi sur la page FB de Frakasm ou sur les pages persos de Nico et Butcher uniquement !

Bonne continuation à vous et bonne écoute à ceux qui nous découvrent !

Liens label: 

https://greatdanerecords.bandcamp.com

https://www.facebook.com/GreatDaneRecords/

Arch Gros Barbare

20/02/2024