
04 mai 2025
Groupe : FATAL
Titre : Apocalypsis
Label : Metal Exhumator
Année : 2025
On parle souvent d’underground, et bien souvent, les anciens ne parlent que de leur génération des années 80’s ou début 90’s, mais il y a quelques groupes qui ont émergé dans la fin des années 90’s, en tous les cas qui ont essayé d’exister. Cette époque légendaire, où par endroits on a eu des fuites et que tout est parti à la dérive sévèrement pour ouvrir le monde des ténèbres vers une lumière artificielle qui n’a d’autre équivalent que celle des spots du grand public.
Pourtant dans notre hexagone qui s’effrite de partout, nous avions des groupes de la trempe de FATAL.
Alors si l’on remonte le temps, c’est un groupe qui a pas mal changé d’approche musicale en fait, et bien que leur style fut thrash à leur débuts, sur la démo et le Ep « L’émissaire » sorti en 1998 pour ceux qui ont connu (et niveau riffs, c’était vraiment thrash old school) ; ce qui les a fait un peu plus connaître c’était le split avec Strangulation qui s’appelait « A dual experience ». Et 1999 ça remonte tout de même pourtant ce split avait laissé quelques traces, d’abord parce que cette pochette verte à la Alastis, était plutôt sympa et on appréciait le visuel. Ensuite parce que leur thrash à l’ancienne avait bien pris sur ces trois morceaux, c’était racé et pas mal à l’américaine.
Puis avec « Eskhaton », et peut-être est-ce du aux vocaux, le groupe a pris un tournant un peu plus death. Les riffs sont devenus thrash/death , tandis que la modification de chant a pris profondément plus de « gutturalité » . Et à partir de là, FATAL changeait de visage. La violence était devenue brutalité.
Confirmé avec « Barbarism » un album parfait de death metal, de brutalité, avec un chant impeccable, des morceaux hyper inspirés, une pochette noble, et un son irréprochable.
Pour ceux qui ne connaissent pas FATAL, oui, « Barbarism » est un must en tous points.
Il aura donc fallu dix huit ans pour que FATAL renaisse définitivement de ses cendres et que le groupe offre un nouvel album en 2025.
Et en dix huit ans, on s’affine ou on s’épaissit musicalement...FATAL s’est épaissit, mais s’est aussi affiné. Changement de batteur, et au-delà d’une grosse envie, on a potentiel qui a explosé pour écrire un album parfait dans sa brutalité.
Dans sa brutalité, mais pas que, parce que même si l’on prend une rafale nucléaire sur les morceaux au niveau de l’écriture, il est clair que la production est excellente à tous les niveaux. C’est puissant sur les parties basse/batterie, sans avoir du trigg de grand-mère, le son est homogène et massif, ce qui donne à l’album une puissance incroyable.
Ensuite ce bleu, et ce thème de pochette à la Atrocity, rend l’album véritablement noble et Metal Exhumator a eu le nez creux sur cette sortie.
A écouter au casque ou sur chaîne hi-fi cet album est un petit diamant pur, sans aucune rayure.
A peine 39 minutes sur neuf titres, le chant français de FATAL (car ils ont toujours aimé chanter en français), résonne comme le cor de la mort, et le son du combat est bel et bien présent sur tous les titres de cet album.
C’est la guerre totale, dès le premier morceau, parce que la voix sur « Dévoration » est démoniaque et cette brutalité de riffs et de batterie vous agressent littéralement comme un taureau dans l’arène alors qu’on s’étonne au bout d’une minute, qu’il y a une grande finesse sur les guitares en contraste total finalement, avec le reste. Mais le tout est excessivement exquis. Avant d’y mettre un solo bien pensé tandis que la batterie ne s’arrête jamais FATAL y ajoute une invitée pour juste une phrase. Et des invités, il y en aura sur cet album.
Parce que même pas remis du premier titre, la bataille fait rage, et si vous n’aviez jamais connu le groupe sous ce jour-ci, vous serez écrasé par la puissance de ce nouvel album. « Vivant » alterne puissance écrasante et rapidité cinglante, les riffs sont extrêmement bien écrits, et l’on sent bien que le groupe est arrivé à maturation pour offrir son meilleur album à ce jour.
Le lead guitare, relativement mélodique sur « Vivant » là encore offre une dualité entre la brutalité et la violence, tandis qu’un énorme passage offre virtuellement un moment de combat digne des plus grands walls of death.
Deuxième titre que déjà, on ne sait plus où l’on est. Et ce sera ainsi tout au long de cette grosse apocalypse, parce que « Epuration » est incroyable d’intensité à tous les niveaux, voix, guitares, batteries, c’est une véritable éruption volcanique. Alors ça reste français, et assez moderne par endroits, beaucoup moins old school que ce qu’ils avaient pu écrire avant, mais c’est simplement efficace, et très personnel.
Peut-être reste-il quelques réminiscences de leur thrash sur « Soumission », parce que la plus rapide et agressive que les autres, mais là encore FATAL envoie du bois comme ce crevard de Charles Ingalls qui nous envoie tous nous faire….
Démonstration de style et de violence « Apocalypsis » est un album plein de ressources et d’énergie. Ils arrivent à explorer beaucoup de mondes différents dans leur brutalité, la preuve en est parce que sur « Extravagance », c’est du côté de la morbidité, plus roots, plus sombre et plus traditionnellement death à l’américaine, que le groupe est allé chercher l’inspiration, ce qui nous donne un titre extrêmement pesant, mais tout aussi puissant.
A la manière d’un INHUMATE, les petits samples de paroles viennent rafraîchir le tout, et vous donner l’eau à la bouche, quitte à avoir extrêmement faim sur « Appétence ».
Il est certain que cet album devrait en épater plus d’un, parce que FATAL se permet des excursions n’importe où jusqu’à jouer sur la légèreté de la musique classique avec « Révélation », qui rappelle des groupes comme OGARYA, rapide, brutal, légèrement mélodique et profondément mélancolique. Là encore on découvre un groupe sans attache particulière mais qui explore des mondes en vous recrachant sa poésie à la gueule d’une manière distinguée.
Une poésie que vous découvrirez dans toute sa splendeur, sur des octosyllabes à vous faire rougir de plaisir avec « Abjection ».
Cet album c’est de l’amour, de l’amitié, et une synthèse de plus d’un quart de siècle. Cela valait le coup d’attendre autant de temps et de constater la « Fascination » que peut avoir FATAL pour la musique, en ayant invité bon nombre d’amis sur le dernier morceau dont des ex-FATAL, des ex-Benighted, des ex-Pitbulls in the nursery, des membres de No Return ou encore Carbonic Fields qui laissent leurs envolées virevolter dans la noirceur d’un album parfait.
Espérons que ce ne soit par un coup fatal, avec ce nouvel album, parce que l’écriture de ce genre d’album mériterait d’être réitérée. En tous les cas, si vous ne l’avez pas encore écouté, ni encore plus acheté car il est en digifile, et il est inadmissible que vous passiez à côté.
Arch Gros Barbare
04/05/2025