
18 décembre 2024
Groupe : MERCYLESS
Titre : Those Who Reign Below
Label : Osmose Productions
Année : 2024
Si t’aimes le Death, t’aimes MERCYLESS. Si t’aimes MERCYLESS, t’aimes le Death. Le reste c’est de la broderie pour bobos en mal de licornes d’Halloween.
Depuis leur retour vers 2011 (treize ans déjà) et surtout depuis leur premier album sorti en 1992 (trop d’années déjà), MERCYLESS a montré qu’il était LE groupe de death français. Celui qui restera le plus enraciné dans les valeurs du death, celui qui restera fidèle à ses fidèles, et celui qui aura eu la meilleure inspiration dans ce mouvement, aux côtés de Massacra (mais c’est facile parce que le groupe n’existe plus et leurs deux derniers albums étaient controversés). Mais ainsi naquit une légende.
Parce que dans les années à venir, si tout ne s’est pas cassé la gueule, on parlera de MERCYLESS comme étant le groupe de death français le plus intègre et le plus old school (mais finalement juste authentique) de la métropole.
Et vu qu’un bonheur ne vient jamais seul, le retour de MERCYLESS a ravivé tellement de flammes que depuis « Unholy black splendor », l’enfer s’est déversé sur terre à une vitesse incalculable et MERCYLESS a pris plus qu’un statut culte avec tous les albums qui ont suivi, et toutes les rééditions de leurs deux premiers albums sur de multiples labels , mais aussi toutes les prods réunissant leurs démos. Tous les labels avec pignon sur rue ont eu envie de sortir une production du groupe.
On arrive donc avec une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice du mal , sur une pochette encore de Nestor Avalos qui est là pour donner de la couleur à vos vies bien mornes sur ce huitième album.
Il se dit dans les bas fonds, que c’est une sauvagerie qui reprend où s’était arrêtée celle de « Coloured Funeral ». Et pour vraiment affiner la peste comme un bon millésime qui s’aère, et qu’elle se répande comme l’eau pénètre dans les interstices de votre mur de vie qui se fissure, fatigué par l’érosion, le groupe a fait appel à l’homme qui tombe à pic, celui qui estime que la musique s’est arrêtée après 1981 ou peut-être 1983, alias Raph Henry et son Heldscalla Studio.
Pour un résultat très « ancient death metal » avec ce côté râpeux et bougon de vieux barbu à moitié ronchon. Ainsi tout était aligné pour que ce nouvel album soit une gloire au death metal .
Et évidemment, ce qui devait arriver, arriva, ce nouvel album est une gloire au death metal. A ce niveau là, MERCYLESS nous surprend par son équilibre et sa régularité dans l’éructation d’un death metal constant depuis quelques...Tous les albums (pas besoin de revenir sur les deux albums...). Et quand c’est constant , on est content.
Le rouge et le noir, c’est un peu le nouvel apanage de MERCYLESS depuis « The mother of all plagues », Stendhal en serait ravi. En tous les cas, visuellement ça plaît, même aux plus farouches. Et des farouches , il y en a dans les steppes de la toundra « metoooool » de la scène actuelle.
Et c’est vrai que si « Abject offerings » et « Coloured funeral » demeurent les deux colonnes vertébrales du colosse, depuis « Unholy black splendor », MERCYLESS « vomit ce monde » et chaque album est une référence du death metal qui s’ajoute à la longue liste de l’élite française de ce mouvement musical.
Celui-ci fait particulièrement l’unanimité avec ses onze titres d’une violence et d’une putridité sans égale. MERCYLESS s’est lâché pour écrire un album de death metal extrêmement noir, où violence et brutalité viennent se percuter frontalement dans la morbidité la plus traditionnelle quitte à embarquer le monde parfois dans un Morbid Angel de l’époque avec un son à la « Altars of madness » ou Incantation. C’est un affrontement de brutalité et morbidité qu’on entend sur la plupart des morceaux et aisément sur des titres tels que « Prelude to eternal darkness » ou encore « Chaos requiem ». ça nous rappelle que MERCYLESS a toujours eu ce petit côté très américain malgré tout.
Comment disent les anglophones ? C’est « raw ». Oui, ça l’est Max Otero vomit et vomira toujours avec une tessiture légendaire qui fait de lui un des chanteurs de death à la singularité particulière reconnaissable entre tous, parmi les plus grands. Mais ça, c’est inné, ce ne sont pas les cours de chant à l’école de la Metal Academy qui vont vous apprendre à chanter avec vos tripes et avec votre âme. Le death c’est en nous, ça ne s’apprend pas, ça se vit , ça ne s’analyse pas dans les livres, ça s’écoute et par dessus tout en dessous des radars, ça se partage.
Cet album semblait traditionnellement comme le précédent, mais il est effectivement plus primitif, et aussi très inspiré. Primitif parce qu’il fait un sacré bon en arrière, et Inspiré dans son introduction qui annonce de manière cinématographique le contenu de cette nouvelle bible noire. Inspiré parce que sur « I am hell » on est agréablement surpris par la folie du lead en début de morceau qui part dans tous les sens à en revenir à la toute fin des années 80’s, presque à en avoir la sauvagerie d’un « Afterworld obliteration » de Terrorizer et le son bien bestial des morceaux de Repulsion sur « Horrified » ici façon death metal. De plus c’est sur ce titre où se mêlent vraiment une violence et une succession de riffs divins jusqu’à en exploser de noblesse impériale aux environs de 2mn30, offrant au morceau , la couronne qui lui manquait pour dominer intégralement tout ce qu’il y a autour.
A partir de là juste avec « I am hell », le nom de la chanson et son contenu, on est terrassé. « Those Who reign below » est culte.
Ensuite on se dit et on espère que tout sera de la même teneur. Et tout est de la même teneur, parce qu’après avoir pris la branlée sur « I am hell », la convalescence n’aura pas lieu, les pattes arrières cassées n’ont pas le temps de guérir sous le plâtre que « Evil shall come...Upon you », vous pète les chevilles à coups de marteau ( Misery?) pour ne pas que vous puissiez en réchapper avec le même genre de riffs hyper sombres , et un lead de l’enfer (limite mélodique par endroits) suivi d’un solo à vous en faire perdre les chicots. Inspiration, death metal, noirceur, puissance et malfaisance, tout est là.
Vous ne vous en relèverez pas, cet album est totalement phénoménal.
Brutalité fantomatique sur le titre suivant, on se rappelle qu’il ne faut jamais faire confiance à son frère.
Ce nouvel album mêle vraiment de la violence avec des temps plus posés, mais toujours dans l’agressivité en y insérant de sombres passages très inspirés qui offrent un relief obscur et épais à la musique de MERCYLESS en conservant une musicalité au premier plan. C’est époustouflant « The resplendant Inferno », « Chaos Requiem », « Sanctus Deus Mortis »…
Cet album est biblique, nous ne sommes pas dans la Bible satanique de Anton Lavey, mais malgré tout ce nouvel album fait office de bible ténébreuse musicale et« Zechariah 3:1 » en fin d’album vient clore d’une manière lugubre ce nouveau chapitre terrifiant de puissance.
Le Maître a écrit un nouvel album. On l’écoute et on se prosterne.
Arch Gros Barbare
18/12/2024