VERSATILE - Les litanies du vide -


10 mars 2025

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Groupe : VERSATILE

Titre : Les litanies du vide

Label : Les acteurs de l’ombre

Année : 2025

Les groupes suisses ont toujours eu le vent en poupe, Messiah, Coroner, Samael, et de manière plus discrète avec tout autant de qualité, Excidium, Exulceration ou encore plus récemment Xaon...Pour ne citer qu’eux.

Et certainement que VERSATILE fera partie de cette jeune génération qui a le potentiel pour faire parler d’elle. Jeune groupe en effet, formé en 2019, avec un ep physique et un single digital en poche, VERSATILE sort fraîchement son premier album « Les litanies du vide ». Titre intéressant et attisant autant la curiosité que l’envie d’y plonger.
Avec une illustration de Leoncio Harmr, on sent que le jeu de couleurs des helvètes annonce quelque chose de grandiloquent se complaisant dans le théâtralisme. Mais c’est d’une manière totalement positive que le terme théâtralisme vient se poser sur la musique plutôt black metal de VERSATILE.

Un groupe qui porte bien son nom dans une certaine mesure, car si l’ensemble reste teinté de black metal tout au long de ses quarante et une minutes, on sent bien que les orchestrations sont là pour offrir à ce premier album une dimension cinématographique à l’oeuvre avec du relief imposant de puissance. C’est à constater sur l’introduction « Géhenne » qui offre à l’album une facette d’une noblesse incontestable où l’on prend en pleine face une production impeccable qui rappelle immédiatement les orchestrations des grecs de Septic Flesh. Mais il serait si facile de s’arrêter là, tandis que « Enfant zero », véritable premier titre black metal orchestral vient commencer la descente dans les profondeurs abyssales d’un album superbe dans sa production et ses inspirations. VERSATILE ne reste jamais cantonné à ses aspirations ténébreuses, et bien que c’est ce qui ressort dans cette première œuvre, on peut se dire que c’est par ici que Dimmu Borgir aurait du évoluer au fur et à mesure des années, parce que le black metal est toujours présent, alors que le travail d’atmosphères, d’ambiances sur les voix, les chœurs, les samples, les orchestrations et cette orientation indus offrent à cet album quelque chose de si éloquent et redoutablement suprême.

Une intro et un titre, le mal est fait et la plèbe est envoûtée.

C’est après que le côté versatile du groupe pointe le bout de son nez, car avec « La régente blême », on arrive à une chose à laquelle on ne s’attendait pas. Une « électronisation », une sophistication, une orientation vers un monde plus industriellement electro. Un peu comme si la facette Mysticum avec son « In the streams of inferno » venait envahir le black metal orchestral de VERSATILE et que plusieurs touches à la Pain et autres Diabolos Rising venaient en symbiote pour offrir un hybride totalement compatible avec la noirceur de la décennie actuelle. C’est vrai que les sonorités de « La régente blême » peuvent surprendre à la première écoute, mais au final, c’est simplement limpide au milieu de cette fresque infernale, et ça se savoure à la hauteur de sa grandeur. C’est certainement à ce moment précis que l’on est entré dans l’album, et à partir de là, « Ieshara » pour laquelle le groupe nous a préparé doucement, finalement, s’écoute avec plaisir. On pénètre, dans un monde qui est maquillé de noirceur traditionnelle, avec des orchestrations multidimensionnelles et des sonorités qui prennent un aspect presque indus – electro - gothique, où on se retrouve à la croisée des chemins entre le black metal et des groupes tels que Apoptygma Berzerk époque « 7 » vs Mysticum époque « In the streams of inferno », les orchestrations magistrales en plus et une voix parfois aussi gutturale que celle de Septic Flesh.

L’album s’écoute facilement, car les titres s’enchaînent avec une clarté cristalline, bien que le résultat musical soit très opaque. C’est black, c’est noir, c’est ultime. N’allons pas croire tout de même que cette facette electro/indus est constante, car ce n’est pas vrai, ce n’est pas le cas sur « Cave Canem » ou « Morphée » par exemple, puisque VERSATILE s’applique à creuser chaque fois un peu plus vers l’enfer, tout en conservant ses envies orchestrales en priorité. C’est une œuvre magistrale que propose les suisses pour ce premier album et s’il bouscule quelques codes, il n’en demeure pas moins que cette album possède une âme de seigneur. On reste pantois devant cette manière d’alterner avec délicatesse, la violence du black metal aussi démoniaque peut-il être et l’enveloppe orchestrale construite avec une main d’orfèvre. Dans un style qui lui est propre, ce premier album est à ranger aux côtés de Griffon et son « De Republica » et de « République » de Malevolentia. Chaque nouveau morceau, nous fait vivre quelque chose de réellement impérial, cette manière d’écrire est imposante et l’on y voit parfois une alternative black à la musique de Septic Flesh : « Morphée », « Graisse » « Monstre » sont des progénitures magistrales. Ce n’est en fait qu’à « Alter ego » avec la participation de Shaârghot et Clem X, que le côté electro à la Prodigy revient dans la place, pour expliquer aux légions que VERSATILE ne vient pas que d’un seul monde.

Jusqu’à la fin « Les litanies du vide » vous tient en haleine, et vous submerge d’une puissance écrasante. Pour un premier album la barre est très haute. Voici une œuvre magnifique qui devrait combler quelque vide avec ses litanies.

Arch Gros Barbare

10/03/2025