WALNUT GROVE DC - Deeper -


14 janvier 2025

WALNUT GROVE DC Cover .png (1.05 MB)

Groupe : WALNUT GROVE DC

Titre : Deeper

Label : Autoproduction

Année : 2025

Voici quinze ans que les rochelais de WALNUT GROVE DC traînent leurs savates de bord de mer dans les eaux boueuses et marécageuses du stoner rock à poil long et à la toux graisseuse, un peu comme s’ils cherchaient cette vieille créature du marais de Tasdon.
Un ep et un album sorti quatre ans après en 2018, les voici donc de retour en 2025 pour un successeur qui sent bon le groove de WALNUT, pas celui du studio d’Amiens, et pas celui de Charles non plus puisqu’il nous a tous dit « de bien aller nous faire enculer ».

Non c’est dans les marais salants que vous trouverez la tourbe musicale de WALNUT GROVE DC, quelque chose d’authentique de bien fumé et d’excessivement chaud , un nouvel album à déguster comme un véritable single malt tourbé.

Si l’on veut situer la musique de WALNUT GROVE DC, il faut savoir que si Reuno de Lofofora avait fait un passage en invité sur le premier album, ce n’est certainement pas hasardeux, parce que WALNUT GROVE DC écrit son stoner rock comme on a su apprécier celui du premier album de Mudweiser « Holy Shit », avec cette sonorité si roots et cette lumière aussi tamisée qu’une fin de soirée dans un bouiboui du terroir où il ne reste que les mégots sur le sol et les fonds de bouteilles renversées sur le carrelage.
Oui, WALNUT GROVE DC est le digne petit frère de Mudweiser avec parfois quelque intentions proches du rock’n’roll de la tête de moteur de Lemmy. Là où Iron Bastards est bien allé vers Motorhead, WALNUT GROVE DC arrive à mettre de la chaleur et de la moiteur dans ses riffs pour donner à ses chansons cette poisse graisseuse et pourtant enivrante, comme le single malt tourbé dont on vient de parler.

Alors voilà :

Au nez, ce nouvel album de sept titres, qui dure à peine moins de vingt-sept minutes, avec une magnifique illustration de Stan W Decker, sent bon le feu de camp, et l’intensité des morceaux rappelle sans équivoque la puissance d’un Mac Talla.
Et même si « 50 foot woman », vous interpelle par ses « Every time I look around » et que ça vous donne envie de chercher pour arriver sur OMC et son « How bizarre » de 1995, vous comprendrez que l’odeur de ce nouvel album vous reste dans les narines comme un vieux loup collé aux parois, parce que les riffs du quatuor ne vont jamais dans la rapidité et demeurent constants dans l’allégresse pachydermique pour conserver ce groove qui suinte tout au long de l’album.

C’est terriblement ce qu’on ressent sur « Never break », une mélange malsain entre une espèce de stoner presque psychédélique à la Cathedral « Ride », tout en conservant ce côté rock, et une tension véritablement palpable sur le solo hyper chaud, avec la voix de Sylvain qui transpire la chaleur humide et étouffante d’une fin de coït sous la canicule. Parce que le morceau termine totalement comme une endive qui a fini entre tes cuisses, et la béchamel sur le ventre. Succulent.

En bouche, sur une prod de Peter Diemel et de Alan Douches, ce nouvel album montre sa puissance avec « Room 330 » qui flirte comme une jouvencelle avec les parties intimes de Motorhead des premiers albums, où la rage était rock autant que la fièvre était roll. On sent cette fumée de chêne grillé, avec ce goût de viande de barbecue l’instant de deux minutes et demi, et là encore le single malt irlandais fait son office, mais il faut faire attention à bien garder le titre sous le palais pour en savourer son essence.

Une essence qui reste plutôt longtemps pour la finale.

En finale, en effet ce nouvel album reste longtemps sous le palais parce que des morceaux tels que « Tumble weed » où vous vous noierez à en boire la basse, qui vrombit littéralement pour guider le titre vers le royaume du groove ultime, vous ressentirez la longue et épaisse fumée de tourbe à plus de 30 ppm qui vous subjuguera par tant de musicalité rocailleuse.
Le combo « Tumble weed », et « Turn around », reste d’ailleurs indétrônable sur tout l’album. Impossible, d’en décoller les oreilles, WALNUT GROVE DC, n’est peut-être pas le Washington d’ici, mais semble devenir avec cet album la capitale du crime où les notes coulent à flot, où les guitares sévissent et où la prohibition n’a plus lieu d’être. Au pays de l’interdit on s’enfonce encore plus avec « Deeper » qui vous offre des sonorités si illégales que WALNUT GROVE DC en deviendrait presque les Peaky Blinders du stoner rock français.


C’est parce qu’on a la Gaule encore une fois sur « Mint Julep » (où les rythmiques sont plus percutantes, avec là aussi un lead guitare brûlant de torpeur) qu’on devine indéniablement que ce groupe est foutrement français. Pourtant si le morceau est presque aussi court que « Room 330 », il est aussi puissant qu’un mojito au bourbon, avec cette menthe qui vous refroidit l’échine et ce maïs de redneck fermenté qui vous assaille l’épiderme.
Jusqu’à la fin le goût de ce nouvel album vous rend stone (un peu comme le monde finalement), avec la plus- que-psychédélique-sous acide-à-vous-en-faire-perdre-la-foi : « No more », où les riffs rebondissent comme une balle en plastique, et où le chant se fait totalement différent sur les refrains qui accrochent l’âme comme un fantôme japonais , accompagnés d’une mélancolie sirupeuse et une dernière fois totalement groovy.


Si tu ne connaissais pas, eh bien c’est fait. Album à écouter sans glaçons bien évidemment.

Arch Gros Barbare

14/01/2025