16 octobre 2023
GROUPE: ASTARIUM
TITRE ALBUM: The Ghost Kings
LABEL: Acid Vicious
DATE DE SORTIE: 2023
« Roots bloody roots », revenir aux racines du mal, aux sources du fleuve tari par la commercialisation et la recherche de la gloire ou des paillettes, ne fait de mal à personne.
Ce one man band en provenance des froides contrées de la Russie, n’est pas de la dernière pluie puisqu’ avec presque vingt ans de création et plus de onze albums sans compter les innombrables split, les démos, les ep’s les collaborations, il sort son nouvel album « The Ghost Kings » chez Acid Vicious. Et une chose est immuable c’est que ASTARIUM est une entité pleine d’inspiration noire qui ne demande qu’à se déverser.
Point de grande production pour offrir un relief et une dimension encore plus grandiloquente, et c’est peut être dommage parce que le contenu mériterait d’être mis en exergue par un travail prestigieux , ce qui donnerait à l’album de véritables lettres de noblesse. Pourtant musicalement, en matière d’inspiration, ASTARIUM ne présente aucune faute de goût, son black metal ancré dans le début des 90’s est assez proche des débuts de Bal Sagoth et de Cradle Of Filth tous deux fusionnés quand ils étaient chez Cacophonous Records, mais pas que. Les sonorités de quelques claviers peuvent sembler étranges, mais dans son entièreté cet album est pas mal du tout, vraiment pas mal du tout.
On retrouve dans « The Ghost Kings » cette malfaisance qu’il y avait dans « A black moon broods over lemuria » et « The principle of evil made flesh » où coulait dans le sang de ces deux monstres difformes l’envie d’écrire un black metal si particulier et si singulier. Et ASTARIUM possède toujours cette flamme noire. Alors évidemment, cela parle plus à ceux qui ont connu l’âge d’or du black metal avant toute perversion, avant toute transformation urbaine, et ainsi ce côté très cinématographique se ressent déjà dans la multitude de tessitures vocales que peut présenter Sin , géniteur de la bête immonde ASTARIUM.
En effet il use et abuse sans jamais faire de faux pas, de variations vocales pour donner à sa musique une profondeur plus théâtrale et c’est une totale réussite. La musique d’ASTARIUM est en effet très black metal à tendance épique ou symphonique, avec une réelle touche de nostalgie des « For All tid » de Dimmu Borgir, des deux références anglaises citées plus avant, ou encore avec parfois ce grain de folie qu’on trouvait sur « The art of dreaming » de Golden Dawn. Et finalement en explorant les quarante six minutes de fantasy étalées sur neuf morceaux, on s’aperçoit que la production est en totale adéquation avec l’esprit de l’album. C’est à l’ancienne, avec ce voile de poussière qui offre à l’ensemble quelque chose de vintage et une saveur appréciable.
Chaque titre est pesé et équilibré pour donner ce grain de folie épique, mais aussi cette poésie lovecraftienne ou encore cet occultisme incandescent qui sied tellement bien à ce genre de black metal. ASTARIUM est resté dans l’autre millénaire, c’est une très belle chose parce que les atmosphères qui en découlent donnent à cet album la majesté qu’avaient ces albums trente ans en arrière. Sin joue sur les ambiances, et se sert avec intelligence d’harmonies distinguées pour « aristocratiser » sa musique tout en lui laissant un aspect maléfique, sans jamais tomber dans la brutalité.
Encore une fois un album qui peut passer sous les radars du chauvinisme, mais qui si l’on prend le temps de l’écouter, de l’apprécier permet d’offrir une réelle saveur en bouche. Et même si la production peut sembler maladroite par endroits elle est révélatrice d’une authenticité imprégnée d’une époque adorée, c’est le cas pour « Cursed gates » qui referme le chapitre avec un instrumental exquis.
Arch Gros Barbare
16/10/2023