24 décembre 2025

GROUPE: THE LOSTS
TITRE ALBUM: Venom within
LABEL: Inverse Records
DATE DE SORTIE: 2025
Dans le milieu underground, c’est plutôt régulier le fait que le grind et le death metal soient vraiment plus solidaires à un certain niveau. Les gens se connaissent, se soutiennent pourvu que la musique soit réellement authentique et bien sombre. Et donc par conséquent les groupes underground survivent plutôt aisément en autarcie. C’est tout à fait différent pour qui joue du heavy metal. Le heavy metal s’ouvre la plupart du temps au grand public et c’est au travers de labels aux reins solides que les groupes heavy, même s’ils n’ont pas forcément de muse intéressante pour produire une musique réellement authentique ou velue sur le torse, arrivent à être adulés par un grand nombre de gens tombés par hasard sur une pub. Pour les groupes heavy plus underground la survie est assez difficile, parce qu’il n’y a pas le même engouement, et c’est dommage, parce que des groupes français comme THE LOSTS méritent depuis longtemps d’être sur le devant de la scène parce que leur musique est fouillée, travaillée, sincère et dynamique à souhait, en flirtant par moments avec la noirceur ou avec les frontières du heavy thrash comme certains ont toujours su le faire.
THE LOSTS c’est quand même quasiment quinze ans d’existence, c’est un premier mini, mais surtout deux albums excellents « Of shades and badlands » et le terrible « Mystery of depths » qui était très sombre.
Quatre ans plus tard, les voici enfin de retour avec un nouvel album « Venom within » et une belle signature en poche avec le label Inverse Records, label finlandais qui a déjà produit et signé par mal de bons groupes heavy ou death metal tels que Hautajaisyö , Forest of shadows ou encore My shameful.
C’est une infime frontière qui relie le heavy metal à des mondes plus ténébreux comme le thrash, le death metal ou encore des envolées lyriques presque black , et ceci THE LOSTS le maîtrise élégamment.
Sur ce nouvel album, une fois de plus on voyage littéralement d’univers en univers avec toujours de très bonnes interludes ou passages exotiques comme sur l’instrumentale « Mellem Verdenerne » (où deux invités particuliers viennent participer) qui vous fait réellement pénétrer dans l’album si vous n’aviez pas encore compris en substance la portée de la musique de THE LOSTS sur les premiers titres. Cette instrumentale annonce une chanson incroyable à laquelle on ne s’attendait pas. Avec « Muspellsheim Ascent », encore une fois THE LOSTS montre ses multiples facettes pour ne pas se laisser enfermer uniquement dans le cercle du heavy metal puisque leur musique est plus subtile et plus opaque également. C’est avec ce titre à la fois ténébreux et épique que ce nouvel album s’arroge le droit de faire partie du bon goût. Pas le goût de metal , comme lorsque vous goûtez au sang, ( bien que les illustrations de Alek Vladski font amplement penser au trash polka contemporain) , mais au bon goût qui sait toucher l’essence de l’être humain avec des notes rassemblées autrement que pour faire danser dans l’allégresse un soir de beuverie. Non THE LOSTS compose des titres aussi pertinents que Judas Priest a pu en composer sur ses albums les plus récents parce que leur heavy metal est un hymne à la guerre, et surtout au combat. On le ressent tellement sur « Exponential law » qui fait monter le niveau encore d’un cran, avec des rythmiques incroyablement puissantes sur une voix de Yann, toujours travaillée, toujours particulière et toujours adaptée à l’émotion du morceau.
Mais commençons par le début, ce nouvel album est l’occasion d’affirmer sa musique polymorphe, parce qu’une nouvelle fois THE LOSTS touche sans jamais entrer, montre sans jamais obliger, et joue avec les mélodies sans jamais se forcer. C’est ce que l’on découvre immédiatement sur le premier titre « A dark place to hide ». THE LOSTS prend une attitude effrénée tout en se gardant de vous perdre hors des sentiers et vous contient dans une cavalcade totalement épique qui puise certainement quelques inspirations chez Iron Maiden notamment en bout de morceau.
Le heavy metal poilu dans toute sa splendeur. Et c’est sans s’arrêter que « Black out days » mène le tempo avec une basse qui prend la main, poursuivie par des leads guitare qui noircissent le tableau. Un tableau déjà bien assombri par la voix de Yann qui prend des airs de ténor tandis que ses comparses éructent leurs lignes gutturales.
Et les riffs se subliment les uns avec les autres, notamment sur « Back to never » et son introduction typiquement années 80/90 ou encore sur « The Headless cross reloaded » qui brille de mille feux, hommage ultime aux vrais riffs heavy homériques.
Bourré de rebondissements et de changements de mouvements incandescents ce « Venom within » coule dans vos veines comme la sève du serpent dont les crocs sont bien accrochés à votre peau, et ce nouvel album est tellement chaud qu’il vous brûle à la peau.
Cependant l’inspiration n’est pas la seule qualité intrinsèque de ce nouvel album, il y a également la chaleur humaine parce que THE LOSTS s’est entouré de gens de talents pour produire ce nouvel album notamment Phil Reinhalter (Putrid Offal, ex-Forlorn Emotion…), le non moins célèbre Mobo du Conkrete Studio dont la renommée n’est plus à faire, mais également sa majesté Valérie de Penumbra.
Véritable ode à la musique heavy mais également extrême, THE LOSTS signe ici un album d’une fantastique intensité où des titres tels que « Here comes tragedy » , même s’ils ralentissent l’allure, offrent à l’album une noblesse heavy indéniable.
Et si vous doutiez encore de leur capacité à écrire de la vraie musique il vous suffit alors d’aller jusqu’à la dernière piste « The whisperers » qui fait la transition entre plusieurs mondes dans un final explosif, car THE LOSTS n’a de perdu que son nom, vu que les musiciens savent exactement où ils vont.
Ecrire avec ses tripes du heavy épique qui traverse les âges est possible, et THE LOSTS le prouve avec « Venom within ».
Arch Gros Barbare
24/12/2025