AVULSED - Phoenix cryptobiosis -


28 octobre 2025

AVULSED COVER.jpg (246 KB)

GROUPE: AVULSED

TITRE ALBUM: Phoenix cryptobiosis

LABEL: Xtreem music

DATE DE SORTIE: 2025

Depuis 1991, oui, depuis 1991 ce groupe existe et ils le disent eux mêmes. De plus si le line-up 2025 a subi encore quelques changements avec le départ du batteur qui est aussi parti de Holycide par la même occasion, et qu’au fil des années il ne reste guère plus que le seul maître à bord El señor Dave Rotten, on peut quand même largement citer AVULSED comme une référence incontournable de la scène espagnole, mais également internationale en matière de death metal.

S’il est des groupes qui sont passés plus ou moins inaperçus sous les projecteurs de la mediastream spécialisée c’est bien AVULSED alors que pourtant dans les sous-bois, à l’ombre des rochers, dans les égouts parmi les rats, ou encore dans la pénombre d’une ruelle isolée, ce groupe a toujours été là avec un death metal ultra gore et ultra percutant.

La première des choses remarquables c’est bien évidemment la longévité d’AVULSED et les succulentes sorties du groupe que ce soit en albums (les débuts avec « Eminence in putrescence », le terrifiant « St
abwound orgasm », les sublimes « Gorespattered suicide » et « Nullo »), en compilations (« Seven years of decay », les ré-enregistrements de « Deathgeneration »), en EP aussi ( qui n’a jamais trouvé culte le titre live « Morgue defilement » sur « Carnivoracity » ?, le split avec Mercyless , ou encore l’exercice des reprises ( « Blood covered » , « Reanimations » même si ça ne vaudra jamais l’ultime reprise de « Ace of spades de Motorhead que l’on trouve sur « Gorespattered suicide »). Oui, même leur tentative électronique de « Cybergore » en 1998 compte, ce qui n’est pas sans rappeler celle de Fear Factory avec « Remanufacture » sorti un an avant.

Ensuite c’est évidemment la voix incontournable et légendaire de Dave Rotten, parce que si celle de Johan Hegg (Amon Amarth), Martin Van Drunen (Asphyx et dix mille autres groupes) , John Tardy (Obituary) mais également récemment Chris Rémy (Voorhees), pour ne citer qu’eux, sont reconnaissables entre toutes, il en est de même pour celle de M ROTTEN, sa gutturalité explose tout à chaque fois, et c’est aussi une des signatures de AVULSED depuis toutes ces années. C’est assez marrant d’ailleurs parce que sur les premiers titres de l’album , on y trouve des similitudes avec celle de Chris de Voorhees, surtout sur : « Blood monolith », puis plus tard sur « Phoenix cryptobiosis »

Et enfin c’est le style de AVULSED qui s’est affiné au fur et à mesure des années. Alors bien sûr que le changement de line-up y est pour beaucoup comme pour chaque groupe, mais pourtant dans le gore et la brutalité bestiale, on a toujours retrouvé chez AVULSED ce lead morbide mais plutôt mélodique. C’était déjà le cas sur « Eminence in putrescence » et puis omniprésent sur tous les albums, bien que cela ce soit affiné sur les derniers albums et ep depuis « Gorespattered suicide ».

En tous les cas, après les ré-enregistrements de morceaux, un live infernal et quelques ep bien préparés qui nous ont mis l’eau à la bouche, enfin le nouvel album est arrivé cette année.

Un bien bel album dont la sublime illustration de Daemorph art n’est pas sans rappeler celle de « Death generation » et « extraterrestrial carnage » avec la noblesse ultime d’un Dan Seagrave.


Le monde était donc prêt à accueillir un nouvel album de AVULSED.
Un album de onze titres qui pulvérise pas mal de choses actuelles sur le marché de la stérilité.

Sans avoir besoin d’y plonger intégralement, le combo « Limbs regeneration » avec « Lacerate to dominate » et « Blood monolith », suffit à éradiquer les mauvaises ondes de capricieux en mal de sauvagerie authentique.

L’entrée en matière de cet instrumental « Limbs Regeneration » sauce « Filth injected » (de « Gorespattered suicide ») mixé avec l’intro de « Gallery of suicide » (de Cannibal Corpse) annonce une fin du monde presque là, et ouvre avec une majesté horrifique ce « Lacerate to dominate » qui vous explose à la figure comme une bombe à retardement. On y redécouvre encore ce monde macabre typique de chez AVULSED où malgré tout dans toute cette horreur, au beau milieu d’une rythmique névrosée, gesticule cette ligne mélodique comme un spermatozoïde qui veut entrer dans son ovule.
Quelques secondes suffisent pour comprendre qu’AVULSED a encore frappé fort.
« Blood monolith » et son refrain de bas du front que Dave éructe dès le début du morceau, vous fera frissonner de plaisir.

« Ritual zombi », le dernier véritable album de AVULSED était quand même sorti en 2013, douze ans auparavant, ça commence à compter. Etrangement les cheveux de Dave Rotten n’ont pas pris de gris, tandis qu’on se prend tous depuis quelques années pour des gorilles « dos argenté », avec nos boucs, barbes et cheveux (qui n’existent plus pour beaucoup) , alors on peut se poser des questions de « people » tout de même.

Bref, ce nouvel album de onze titres et de presque quarante cinq minutes, dont le nom est imprononçable, est simple, basique , mais tellement efficace. Efficace parce que ses rythmiques possèdent un groove on ne peut plus racé, encore une fois comme celui de Voorhees ; et chez ce genre de groupes, marier le groove à la sanguinolente réputation originelle du death metal, c’est remarquable.

AVULSED écrit là encore des morceaux aérés qui plaisent et qui permettent à l’album de n’avoir aucune longueur. C’est même plutôt le contraire car lorsque l’on arrive au bout, l’impression de n’avoir passé que quelques instants se fait première. Du coup on repasse tout. Et lorsque l’on reprend du « « Guts of the gore gods » qui prend autant de vitesse qu’elle ralentit dans le morbide où les différentes tessitures gutturales s’entrechoquent, c’est un panel de tout ce qu’a fait AVULSED durant plus de 34 ans.

« Phoenix Crypbiosis » s’impose comme un album limpide et percutant sans jamais tomber dans une brutalité excessive où l’intensité est telle que vous perdriez corps et âme. Au contraire ce groupe a toujours su maîtriser son death metal pour qu’il soit « horrifiquement » gore, mais largement écoutable par tous. Une espèce de tapas fromage et charcuterie qui fera le bonheur de tous les alcooliques à l’apéro.

Sur ce titre d’ailleurs AVULSED sait partir en envolée au milieu de solos (qui seront nombreux sur l’album) et d’un lead incroyablement fluide.

AVULSED est grand, AVULSED est divin, et c’est pour cela que c’est incompréhensible qu’autant de personnes ne soient pas tombées éternellement amoureuse
s de ce groupe sans égal.

Avec « Phoenix cryptobiosis », le death metal brille toujours de sa superbe et de sa splendeur, car cet album est une véritable aventure musicale et auditive, ce n’est pas du son, mais de la musique.

Jusqu’à « Bio cadaver » et « Wandering putrid souls » où l’on récupère la personnalité singulière du groupe espagnole qui replonge dans ses vieux travers quelques années en arrière, on prend une petite fessée .

AVULSED est un groupe légendaire, et ce nouvel album vient poser une nouvelle pierre à son héritage.

Arch Gros Barbare

28/10/2025