Blóð - mara -


13 août 2024

BLOD.jpg (223 KB)

Groupe : Blóð

Titre : Mara

Label : Talheim records Germany

Année : 2024

Pas sûr que ce soit si sludge que ça, pas sûr que ce soit si doom que ça, mais qu’est-ce que c’est lourd, qu’est-ce que c’est pesant et lancinant...qu’est-ce que c’est noir. Troisième album des parisiens/bordelais puisque que BLOD se compose du duo Anna W (Lynn Project) et de Ulrich W (Otargos, ex-Regarde les hommes tomber), qui se réunissent encore une fois musicalement sur ce « Mara ».
Le duo avait déjà fait pas mal parler avec les deux albums précédents,
et trois ans ont séparé « Serpent » de « Mara », sans doute pour mieux préparer quelque chose de plus lugubre et plus sombre mais surtout de plus fusionnel entre leurs deux âmes. De plus sombre, parce que la musique de BLOD est à 2024, ce que des groupes comme Abruptum , Vond, Naos, ou encore Beherit étaient au début des années 90’s, car ils avaient pu amorcer dans certaines de leurs productions au début de cette décennie , la terreur dans la lenteur, sans qu’elle ne fusse doom.

Lorsque tout ce qui pouvait être rituel ou plus ou moins doomesque et pachydermique se transpose aujourd’hui comme une espèce de « Gate of Innana » qui rencontre Disembowelment avec l’esprit de grisaille qui assaille le monde actuel ça donne BLOD.

Grace à ça on arrive à des atmosphères très glauques et certainement sludge par les guitares aussi sales que pouvait l’être Saw Throat sur « Indestroy ».

BLOD est ce que la musique rituelle noire et malsaine aurait dû devenir, exit les H
eilung et leur côté primal (même si ce qu’ils font est terrible) , ce « Mara » plonge dans les abysses et vous noie dans sa torpeur.

Vêtu de gris et entouré de nuit, les visuels de ce digipack, que ce soit photos, dessins ou images, rappellent les amours mortes de 2020 puisque les spectres de nature reviennent sur le devant de la scène.

Au beau milieu de tout ce paganisme urbain, on y découvre sur un titre comme « Martyr », les bases de boîte à rythmes qu’avait Summoning sur « Minas Morgul », tout en conservant un voile de ténèbres, sans jamais tomber dans la mélodie.
Mais le point fort de BLOD c’est la voix féminine du duo, parce que sur « Gehenna » qui fait office d’introduction à la lecture païenne, autant sa voix claire difforme, que sa voix torturée informe sont un affrontement constant dans la tourmente. On a même parfois la sensation de revenir vers un The Gathring époque « Mandylion », qui vient se fracasser sur la montagne d’un Bathory « Twilight of the gods » et c’est plus que délicieux.

Et à ce petit jeu de dupes BLOD est vraiment fort, parce que la manière de jouer très lente, avec ces guitares qui tardent à lâcher prise, on est aspiré dans une mélasse qui ne nous lâche pas et nous happe vers le fond pour nous étouffer.

Il n’y a pas de grands passages violents, mais en revanche la longueur des morceaux permet à Ulrich de ce lâcher de manière théâtrale sur les percussions et les guitares, ce qui offre à l’album quelque chose parfois de presque orchestral, mais toujours en fait tourné vers le côté malsain du black metal contemporain.

Le titre « Mara » presque en milieu d’album rappelle la mélancolie, une fois encore , de certains groupes de doom des années 90’s, grâce au chant , mais aussi à cette reverb qui n’en finit plus pour prolonger la souffrance.

Ce titre est d’une extrême intensité dans la douleur grâce à des lignes vocales qui épousent à la perfection ces rythmiques lancinantes, répétitives et omniprésentes.

Il vous faudra arriver sur « Frost » et « Covenant » pour découvrir quelque chose de différent mais malgré tout foutrement puissant.

Il est évident, que cela s’adresse à un public averti, car il ne sera pas question d’aller chercher de la vitesse, de la brutalité, tout est question de subtilité au travers de ce nouvel album, d’atmosphères et d’ambiances ténébreuses. C’est extrêmement bien produit et bien pensé que si la difficulté pour certains est d’arriver à supporter ce qu’ils considéreront comme des litanies et des complaintes incantatoires, il n’en demeure pas moins que BLOD a trouvé une voie qui avait été laissée à l’abandon ces dernières années. Une voie cachée derrière les ronces, qui montre le sombre comme on ne le regarde pas souvent, car « Mara » est le genre d’album que l’on écoute d’une seule traite et pour lequel on n’y revient uniquement dans nos moments les plus noirs et les plus terrifiants.

13/08/2024

Arch Gros Barbare