
16 mars 2021
Groupe : CONQUERORS
Titre : Stormbringer
Label : M.U.S.I.C Records
Année : 2021
Si les japonais ont Sabbat, si les norvégiens ont Aura Noir, en France, nous avons CONQUERORS.
C’est toujours dans la simplicité et l’authenticité que la violence primaire s’apprécie le mieux des fans de musique extrême. Sans fioriture, sans dentelle, sans artifice, CONQUERORS, trio de Reims et ses contrées, va mettre sur le champ de bataille son troisième album « Stormbringer ».
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le prédécesseur « Dawn of war », sorti deux ans plus tôt, sera également réédité avec un réenregistrement total, nouveau mixage et nouveau mastering.
Mais pour l’heure, c’est « Stormbringer » qui prime, car ce troisième album entérine le style de CONQUERORS, sauvage, black, thrash, primaire rappelant les heures les plus sombres du black brutal.
Et faire ça à trois est amplement suffisant pour ne pas se polluer de choses inutiles.
« Stormbringer », c’est neuf titres sur trente-sept minutes qui passent extrêmement vite, où l’on retrouve les ambiances des années 80’s, avec une batterie ultra violente mais tellement humaine baignant dans la crasse, loin de la sophistication actuelle. Les peaux de fûts sont faites avec le cul des ours et les baguettes en prépuce de loup, la grosse caisse laisse percevoir sa « perfectibilité » (non c’est faux) car absolument pas synthétique et l’on sent bien que plus vite ou plus fort, on entre dans la barbarie la plus sanguinaire. C’est certainement ce qui fait la force première de CONQUERORS, cette batterie vraiment rapide, régulière, vraiment violente et tellement naturelle.
Ensuite les guitares sont, comment dit-on ?... raw ; ouais, elles sont hargneuses, malsaines, avec une sonorité là aussi encore très rugueuse, râpeuse, tout comme cette maudite voix qui hurle, qui ne fait que hurler, que vomir et déverser son fiel (à la Impaled Nazarene parfois) pour donner aux titres cette haine implacable qui laissera un goût de sang dans la bouche tout au long de ce nouvel album, pour mieux le cracher à la fin du dernier titre. (« The fallen » qui fera saigner vos veines extérieures, comme le reste de l’album d’ailleurs, avec une rythmique si simple mais ultra puissante).
C’est toute cette tradition prise dans le black/thrash de l’extrême de l’époque des très vieux Bathory, très vieux Marduk où le perfecto (pas celui à franges), les clous, et les ceintures de cartouches inertes étaient la norme, que CONQUERORS nous fait revivre la belle époque des anciens, celle que tous les « vieux cons » montrés du doigt et qui n’en n’ont strictement rien à foutre de rien, hormis cette envie de hardos à jouer de la musique, s’empressent de vénérer sans faille.
Cet album est une bombe, un vieil obus de la première guerre, qui a attendu de bien rouiller pour qu’on lui tape dessus afin d’exploser en faisant vraiment mal, et en faisant du sale. « Strombringer » est de ces albums qui ne vous donnent pas le sourire, toujours rapide, toujours intense, où la basse croise la guitare sans jamais lui adresser la parole et où le seul moment de calme ne devient que celui du petit blanc entre les morceaux. Preuve en est « World eater » est à la violence ultime sur cet album, ce que le « World eater » était à Bolt Thrower sur « Realm of chaos ».
Cet album est ultime, cet album est suprême, et dans les albums les plus simples, mais les plus violents qui sont sortis ces dernières années, CONQUERORS signe ici un must have, et ouvre une plaie sans broderie qu’aucun fil doré ne pourra suturer.
Arch Gros Barbare
16/03/2021