FLESHGOD -Impure-


07 mai 2020

FLESHGOD Impure Cd.jpg (362 KB)

Groupe : FLESHGOD
Titre : Impure
Label : MusikÖ Eye Productions
Année : 2020

La création continuelle est un exutoire ; écrire, composer, laisser ressortir cette rage intérieure, cette noirceur intime et personnelle pour donner naissance à un nouveau projet, permet d’offrir un moyen d’expression primaire à son créateur, perçu comme le démiurge, sans avoir à expliquer quoique ce soit. Et lorsque les inspirations sont death/black, c’est d’autant plus vrai que seule la rage compte.

Un nouveau projet qui vient, d’un côté, ajouter une pierre à l’édifice et qui, de l’autre, vient peut-être faire couler un peu plus ce filet saturé de groupes qui dégoulinent le long du mur de cette tour de Babel qu’est la scène internationale actuelle, où les acteurs et spectateurs ne se comprennent plus parfois, tellement les langues sont devenues définitivement inconnues pour chacun d’entre eux.

FLESHGOD, cette nouvelle union sacrée, avec Khalash, plus connu sous le patronyme de naissance en tant que Fabrice Bucholz (Khaos Deï), pour tout ce qui est de la musique, des guitares et de la basse, et le cultissime Max Otero (Mercyless ultimate Death old school metal band of the universe and other planets) pour ce qui est des vocaux et des paroles, devrait tout de même vous faire frissonner le poil pubien et bien endommager en laissant quelques crevasses, votre petite rondelle de sauvage raffiné du frein pénien.
Ceci dit, c’est avec l’aide d’Arnaud Krakowka (multi instrumentiste fan de Malmsteem devant l’éternel) à la batterie pour la plupart des morceaux (sauf « Before dawn » avec Naja Atra (Pendulum, Apoptosis, Gomory…) en lieu et place) que cela a pu se faire car du death metal sans batteur, c’est un petit peu comme une galère sans rameur ; ça pue la sueur, avec une odeur de mort, mais on ne voyage pas vraiment puisqu’on n’avance pas.

En effet la sortie est prévue cette année covidienne, pour ce mini album intitulé « Impure » où se déversent huit incantations blasphématoires, relativement courtes, puisqu’il ne dure pas plus de vingt-et-une minutes. Et dans cette épopée macabre, FLESHGOD se plaît à imposer dès le départ une atmosphère obscure soutenue par l’apposition introductive de claviers (signés Laurence Junca) et choeurs qui, bien que permettant de faire office de longue instrumentale à l’inspiration plutôt black metal, induit sans doute en erreur l’idée que l’on aurait pu se faire de la suite de cette première obole maléfique.

En erreur car FLESHGOD n’est pas black metal ; FLESHGOD est death metal, et reste confiné puisque c’est la règle actuelle, mais dans les années 80/90’s. La voix du maître à hurler épouse évidemment à merveille (mais qui en aurait douté ?) ces chansons, car il s’agit de chansons qui se découpent étrangement au départ. En effet, après l’instrumentale « Tenebrae », « Impure » et « Invocation » ouvrent des portes entre elles parce que le death metal injecté dans l’âme de ces morceaux ne sombre jamais dans le trop brutal, le trop violent, le pas assez agressif ou le trop chiant.

FLESHGOD a pris la mesure exacte de l’esprit death des années 90’s, à savoir le côté primaire et la facette morbide. On obtient donc un morceau de moins de deux minutes, qui s’enchaîne avec une nouvelle introduction aux claviers possédant quelques ardeurs à contenir le mal pour l’extirper d’une manière explosive avec efficacité. Car c’est là que l’essence de FLESHGOD se situe, dans son efficacité, puisque « Slave of Belial » s’impose tout de suite comme le titre phare, comme le guide spirituel sur la route du mal, avec un lead qui se détache totalement de l’homogénéité du morceau pour vous offrir ce que vous êtes venus chercher ici : du death metal (mais vous l’aurez compris).

Belle qualité d’écriture, intense sur ses rythmiques, où chaque instrument se met à l’honneur de manière naturelle, anecdotiquement en temps voulu (« Antique Evil » le prouve sur son petit passage de basse comme Cannibal Corpse le faisait sur « Hammer smashed face ») et qui, finalement, offre un petit panel très riche de moments en effet plus black/death, mais même de riffs presque thrash ; voici ce que propose « Impure ».

De la vitesse régulée à la violence retenue, FLESHGOD partirait presque aussi dans ces ambiances death suédoises, grasses mais pourtant « mélodiques » en même temps, en mettant un bémol sur l’utilisation du terme mélodique. C’est pour cela que l’effet « I despise your god », aux traits de caractère d’une fureur inouïe, peut tout aussi bien tenir d’un Dismember d’après 1997, que d’un Desultory de 1993/1994 en plus condensé et sans doute plus brutal.

Voici donc finalement un premier mini album qui tient ses promesses, celles que l’on découvre sur cet artwork de Blacksshark, tiré d’une gravure de Fortuné Louis Meaulle, qui nous change des Gustave Doré, utilisées à outrance et alors FLESHGOD vous sert sur un plateau huit morceaux d’un précieuse véhémence où l’efficacité est de mise pour mieux servir la cause du death metal.

Arch Gros Barbare

07/05/2020