
08 juin 2024
Groupe : INLANDSYS
Titre : The Fallen
Label : Great Dane Records
Année : 2024
Exactement dans la lignée des groupes que pouvait signer Great Dane records, voici quelques dix ou quatorze ans auparavant, INLANDSYS entre parfaitement dans ce blackened death metal mélodique ni moderne ni ancien que veulent revendiquer beaucoup de scènes aujourd’hui pour creuser leurs fossés. On sent que INLANDSYS ne fait aucune guerre à personne, ne va dans aucune tranchée et se contrefout d’entrer dans un cercle, le principe étant simple, un peu de noirceur eut égard aux influences, un peu de choses dites « symphoniques », mais surtout beaucoup de mélodies sombres en n’allant jamais dans l’ultra underground. Les toulousains d’INLANDSYS en sont à leur deuxième album, et après « Carthago » sorti en 2018, (un bon album de black/death/doom du millénaire précédent qui possédait une écriture sans doute plus axée sur les 90’s dans ses rythmiques épiques et ses mélodies ), les voici de retour six ans plus tard.
L’âge de raison et un deuxième album, c’est le passage obligé pour tout groupe qui permet de savoir quelle sera la suite. INLANDSYS s’est assagi, et a mûri par rapport à « Carthago ». L’artwork moderne signé Laurent « El Ash » (guitare/chant) propose quelque chose de plus posé, même s’il est dans l’air du temps et rappelle sans doute par moments la froideur de celui du dernier BLIND GUARDIAN, permettant ainsi de montrer une maturité sans conteste.
On sent immédiatement sur le premier morceau « Humiliation » que leur facette melodeath est toujours bien présente, et l’utilisation des claviers également omniprésente, (parce que INLANDSYS fait partie des groupes et qui étaient légion dans les 90’s où le clavier servait d’accompagnement pour approfondir l’aspect mélancolique) donne au titre ce petit rien que l’on note obligatoirement, notamment ce piano qui permet de couper la chanson pour y apporter la douceur d’une fin de vie.
A partir de là, la première pierre est posée, et « The Fallen » pour tous ceux qui aiment les musiques mélodiques, plutôt épiques et fantasy, n’auront que plaisir et satisfaction avec ses quarante cinq minutes découpées sur neuf chansons.
INLANDSYS s’est enfoncé dans quelque chose de plus sombre, et ça se sent avec la suite de l’album car les titres conservent leur lot de violence Black/death melo presque atmos par endroits, sur des passages de « Mediterranean Hegemony » ou encore « Motherland ! ». On se retrouve sur un chant de bataille entre de la musique d’ In Flames, époque « A sense Of Purpose / Come Clarity» pour le côté melodeath et une certaine tenue noble et digne où allaient se balader les polonais de Darzamat. Mais en fait INLANDSYS n’a pas d’influence unique car ce nouvel album s’étale sur plusieurs générations musicales et va chercher énormément de sources pour créer son atmosphère death melo ou black melo quand on écoute attentivement « Motherland ! » . Encore une fois c’est grâce à ces claviers que l’on parle légèrement de death/doom, parce que ça rappelle les ambiances particulières de groupes tels que Phlebotomized ou Dark Millennium. Et grâce à ça, INLANDSYS tire son épingle du jeu, et vous pond un album vraiment bien inspiré qui évolue de manière incroyable à chaque chanson.
Mille mondes sont explorés et mille saveurs sont au palais, « Providers of the great apocalypse » (ceci ne vous rappelle-t-il pas la Norvège et son « Death Cult Armageddon »?) prend ses airs plus symphoniques, tandis que « Whores of war » tout en étant violemment rapide, possède grâce à son côté épique, cette essence de vieux melodeath nostalgique.
« The Fallen » est une belle surprise, parce que l’on ne s’y attend pas, on a l’appréhension de découvrir encore un groupe moderne qui revendique faire du « metal », mais pas du tout, les gars on l’âme des anciens, et leur musique s’en inspire, ça s’entend sur les leads de « Whores of war » qui est un des titres les plus prenants, suivi de la terrible « Persona » qui majestueusement donne du relief et de la puissance à l’album grâce à son atmosphère très massive où le lead melo rappelle un bout de Suède.
Les voix sont d’une profondeur ténébreuse, et cette production assez brumeuse sur les vocaux offre à l’album la couleur qu’il fallait pour ne pas tomber dans la fausse propreté actuelle. Des voix qui jusque à la fin font bien leur boulot, notamment sur « Pyramid of the one-eyed god », là aussi autre preuve de la non-adhésion à aucun cercle puisque le côté ultra black symphonique de INLANDSYS prend vie réellement sur cette chanson, les claviers prenant une tournure autrement plus charismatique ici. D’ailleurs à partir de là, les derniers titres seront tout de même nettement plus black sympho que le début de l’album. C’est le cas pour « The bird, the tower and the lord » qui joue sévèrement sur les atmosphères, avec une pause pour écouter des paroles contées avant de reprendre de plus belle vers une symphonie onirique.
Ce second album de INLANDSYS est remarquable et mériterait d’être remarqué. Ces gars de Midi-Pyrenées (Occitanie ? Connais pas) réussissent à s’affiner, à se personnaliser, et à offrir un album savoureux qui fait sauter quelques verrous pour que les plus réfractaires puissent s’ouvrir un peu.
Arch Gros Barbare
08/06/2024