KHÔRA - Ananke -


03 septembre 2025

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Groupe : KHÔRA

Titre : Ananke

Label : Les acteurs de l’ombre productions

Année : 2025

Epoustouflant de talent et prodigieusement black metal à la manière de l’éminente Norvège, avec une inspiration digne des plus grands noms de cette scène black metal où l’on se sent happé dans un tourbillon de mélodies sombres qui offrent au black metal d’aujourd’hui la noblesse qu’il avait perdu depuis longtemps.

Voilà ce que représente ce deuxième album de KHÔRA et pourtant ils ne viennent pas de là-bas (hormis Kjetil) , puisqu’ils sont d’un peu partout et de nulle part à la fois. Mais tous, musiciens expérimentés venus accompagner Ole dans cette aventure et surtout pour ce second album, offrent à ce nouvel album des allures d’album exceptionnel.

Et ce genre de groupes a certainement les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités à savoir qu’en étant éparpillés aux confinements de notre univers connu, il est difficile d’avoir une véritable identité commune, ou en tous les cas une cohésion réelle pour représenter un groupe tel que le mériterait KHÔRA.

Peut-être que ceci est représentatif de la froideur impersonnelle de cette pochette majestueuse signée Simon Chognot « Coldmind » et de tout le lay-out contenu dans cet album. Le noir sied à tout le monde en effet, mais ne reflète pas forcément l’être profond de tout-un-chacun pour en ressortir une identité véritable hormis l’amour des ténèbres et le côté glacial qu’elle procure. C’est donc la froideur et la noirceur qui prédominent sur cet album par rapport aux couleurs du premier. Ensuite, c’est aussi justement cette coopération internationale qui donne la puissance notable des titres de cet album. Chacun y a mis sa patte personnelle pour que finalement ce qui à la base était écrit par Ole puisse trouver une fusion musicale professionnelle qui offre à la musique de KHÔRA quelque chose d’unique.

Principalement black metal, mais redoutablement bien écrit, en y apportant quelque chose de très progressif dans chaque partie de chanson, cet album regorge de musicalité. Les voix de Frederic Gervais en qui la confiance est allée aussi jusqu’à réaliser le mixage et le mastering, poussent les morceaux à un niveau d’orchestration théâtrale qui conserve cette atmosphère nauséabonde propre au black metal.

On y retrouve aisément sur les guitares, l’intelligence complexe de morceaux à la Ihsahn, plus particulièrement ce qu’il a fait après Emperor , mais aussi et certainement grâce à cette variation incroyable des vocaux clairs, on y retrouve des influences stellaires comme savent le faire Arcturus depuis des lustres. Et ce n’est pas donné à tout le monde de capter l’esprit d’Arcturus et d’en manipuler ses effluves.

Ceci dit si les premiers titres « Empyreal Spindle » et « Legion of the moirai » font montre d’une violence effroyable tout en conservant un esprit guerrier empli de noirceur et une fluidité technique autrement plus mélodique dans certains lead, c’est à partir de « Wresling with the gods » que l’album s’ouvre littéralement.

Parce que c’est à partir de ce morceau que KHÔRA prend son envol et réalise toute la différence. Ce titre est la charnière qui fait chavirer le statut de bon album à celui de remarquable. Car c’est sur ce titre que Frédéric Gervais fait des miracles et que ses comparses offrent un black metal autant technique que violent et progressif. Et là les inspirations Arcturiennes sont légion.

S’ensuit un firmament de titres extraordinaires, avec « In the throes of acension » qui peut sembler souffrir d’une influence suédoise de black brutal dans ses rythmiques Mardukiennes ultraviolentes, mais qui est pourtant implacable, pour finalement nous ramener vers l’univers de la scène norvégienne plus « symphonique » comme un Limbonic Art savait l’être sur « Moon in the scorpio » ou Emperor sur « Anthems to the welkin at dusk » dans ses heures les plus souveraines.

KHÔRA offre ici un album majestueux et tellement bien écrit qu’on pourrait accuser ses détracteurs de bouffeurs de mauvaise foi. En effet à l’écoute de « On a starpath », qui ne pense pas à Arcturus, ou Ihsahn ou même encore Opeth ? Tellement on monte haut parmi les étoiles et que le travail tant de créativité musicale que celui réalisé sur ces voix si enchanteresses, est exceptionnel.

Toute la dernière partie de l’album est une succession de puissance et d’inspiration sans égale. Ce second album de KHÔRA est à s’y méprendre quelque chose de véritablement proche de l’excellence.

Arch Gros Barbare

03/09/2025