
20 mars 2025
Groupe : MORDRED
Titre : The Dark Parade
Label : M-Theory Audio
Année : 2021
C’est dingue de découvrir qu’un groupe aussi talentueux que MORDRED a sorti un nouvel album 27 ans après son silence et que c’est pas mal passé sous les radars.
Ce groupe de San Francisco avait commencé sa carrière en 1984, ça commence à remonter, et malgré trois albums de 1989 à 1994, c’est surtout leur premier album « Fool’s game » qui avait eu les honneurs. D’abord parce que la pochette de ce premier album, démontait pas mal de codes de l’époque, et aussi parce que leur style thrash teinté de fusion/funk était chaud comme la braise, et que la voix de Scott Holderby, avait cette tessiture si particulière et cette folie que pouvait avoir Mike Patton sur « The real thing ».
Mais MORDRED a été passé sous silence rapidement, peut-être parce que le monde n’était pas prêt pour sa musique.
Vingt sept ans plus tard, MORDRED est revenu en 2021. Il faut s’en vouloir pour avoir raté ce chef d’oeuvre qu’est « The Dark Parade ». Un album complet, riches en émotions et en musicalité, qui a su garder cette tendance thrash qu’ils avaient sur « Fool’s game » avec cette douce folie funk/fusion qui les caractérise si bien.
C’est dans une ambiance très Nouvelle Orléans que l’on accueille ce nouvel album qui a déjà quatre ans, avec trente neuf minutes sur huit morceaux qui vous posent une ambiance Mardi Gras de l’enfer Vaudou totalement glauque où bizarreries musicales, tourbillons de notes et curiosités rythmiques viennent tournoyer autour de vos oreilles pour annoncer dans une atmosphère festive, le retour du Fou.
C’est un festival de bonnes chansons qui viennent parader devant vous comme s’il fallait impérativement démontrer que le talent du groupe et l’énergie thrash/fusion sont encore quelque chose d’authentique aujourd’hui.
« Demonic #7 » explique rapidement que le thrash reste la racine du mal chez MORDRED, parce que les guitares de Danny White et de James Sanguinetti sont toujours limpides et virulentes comme elles l’étaient sur les deux premiers albums, en y ajoutant ce grain de mascarade infernale avec la voix de Scott Holderby qui prend des airs de new jack à la Insane Clown Possee sur « The great milenko » et un solo d’anthologie.
Avec le premier titre, l’affaire est faite, « Malignancy » oscille entre thrash metal et véritable fusion, un peu à la old Suicidal Tendencies. Scott Holderby va chercher la mélodie accessible, tandis que Aaron Vaughn scratche comme un dingue sur les passages les plus glauques, diplôme de hip hop en poche.
Et comme ce genre de musique s’accompagne toujours d’engagement, la terrible « I am Charlie » avec ses samples d’armes à feu et ses sirènes hurlantes se pose en ovni, parce que les samples et les scratches de Vaughn s’entremêlent et que c’est vraiment là que commence la grande parade sombre. Mais le thrash américain très mosh , comme les vieux Anthrax d’ « Among the living » et autres « State of euphoria », reprend du galon pour diriger ce titre où Holderby fait office de M Loyal de la camisole. Et on prend réellement plaisir à écouter ce morceau qui termine sur le fait que « nous sommes Charlie ».
Entre les rythmiques endiablées presque stoner de « Dragging for bodies » et l’ultime parade malsaine de « The dark parade » qui vous envoie littéralement dans les bas fonds du Carnaval des animaux avec ces cuivres extrêmement bien placés, on a envie de danser en cadence tout du long.
La new jack coule à flot, la fusion fusionne et le funk vous étourdit sur des lignes vocales à l’hypnose prenante.
Et c’est dans cette veine dingue que « All eyes on the prize » prend des airs de thrash des années 80’s, MOD, SOD, tout y passe tant que l’on garde l’état d’esprit d’un Faith No More.
Il est difficile de sortir des sentiers battus mais avec cet album MORDRED fait montre de nostalgie et s’adresse à tous ceux qui ont apprécié leur premier album et qui ne se retrouvent pas dans la scène actuelle, parce que les codes sont ceux de la fin des années 80’s et du début des 90’s avec « The Dark parade ». Les derniers titres « Dented lives » et « Smash goes the bottle » ayant une énergie plus hard’n’heavy, cela donne un album très ouvert, très frais et totalement mélancolique.
MORDRED est un groupe à part, mais ses albums sont intenses et particulièrement bons. Celui-ci vient compléter leur héritage avec brio.
Arch Gros Barbare
20/03/2025